États-Unis - Discours de Jean-Yves Le Drian à l’occasion de l’inauguration d’une nouvelle statue de la Liberté à la Résidence de France (Washington, 14 juillet 2021)

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Monsieur le Secrétaire d’État, Cher Antony Blinken,

Mesdames et Messieurs,

Comme je le disais aux Français des États-Unis que j’ai eu le plaisir de rencontrer ce matin, le 14 juillet est un jour de célébration de tout ce qui fait la force de notre pays, jusqu’aux liens qui nous unissent à nos partenaires, à nos alliés, à nos amis des États-Unis. Voilà plus de deux siècles qu’à travers l’Atlantique, d’une rive à l’autre, d’une génération à l’autre, d’une épreuve à une autre, nous écrivons ensemble une histoire placée sous le signe de la liberté et de la fraternité.

Fraternité non seulement des armes, mais aussi fraternité du cœur, et, avec Antony Blinken, je viens de remettre la plus haute distinction française, la Légion d’honneur, à quatre vétérans de la Seconde Guerre mondiale qui, comme des milliers de jeunes Américains d’alors, auront eu l’audace et le courage de tout quitter pour venir prendre part à la libération d’un pays et d’un continent pour lequel d’autres, vingt ans plus tôt, parfois leurs pères, avaient déjà couru tous les risques et trop souvent perdu la vie. Et comme trop de leurs compagnons à eux, ceux de 44, ont aussi perdu la vie et reposent aujourd’hui dans cette terre de France qui leur doit tant. Je leur ai dit, il y a un instant, notre gratitude et ce qu’ils représentent pour nous tous encore aujourd’hui.

La statue qui se dresse devant nous a, elle aussi, traversé l’Atlantique. Depuis Paris, jusqu’à New York, comme sa grande sœur avant elle : cette Liberté éclairant le monde, offerte par le peuple français et qui, pour des générations de nouveaux venus, fut le premier visage de l’Amérique.

Elle sera à la résidence de France ici, le visage de cette exigence de justice héritée des Lumières qui fonde encore dans le monde d’aujourd’hui le modèle de progrès que nous devons impérativement continuer à défendre ensemble. Ce combat pour donner à la liberté le sens concret que seules les institutions démocratiques et les règles du droit peuvent lui donner n’est pas un combat du passé. Je serais même tenté de dire qu’il est n’est plus un combat du passé, dans nos pays comme sur la scène internationale, de nouveaux défis, de nouvelles menaces sont apparus qui nous rappellent tout à la fois la fragilité et la résilience de ce que nous avons bâti, fragilité que nous devons regarder bien en face et sans naïveté, résilience que nous devons absolument soutenir et encourager.

C’est le sens du nouvel élan transatlantique initié en janvier et dans les récents Sommet du G7, de l’OTAN et entre l’Union européenne et les États-Unis, qui ont constitué le premier point d’orgue. Ce nouvel élan transatlantique, dont je suis venu à Washington pour approfondir, en rencontrant des membres du Congrès et de la nouvelle Administration, ce nouvel élan transatlantique nous a permis de nous retrouver et de recommencer à construire ensemble, de recommencer à construire un multilatéralisme à la hauteur du XXIe siècle, c’est à dire un multilatéralisme des résultats, porteur de solutions concrètes aux grands bouleversements que sont la crise pandémique, l’urgence environnementale, le creusement des inégalités mondiales, c’est à dire un multilatéralisme des valeurs, à commencer par les droits de l’Homme, des valeurs qui ont une portée universelle et qui nous sont d’autant plus chères qu’elles constituent aussi des réponses à tous les aspects de la brutalisation du monde.

Multilatéralisme d’aujourd’hui, ouvert à toutes les énergies, à toutes les forces de progrès. Ce nouvel élan nous permet aussi de recommencer à construire une alliance atlantique plus équilibrée, plus soutenable, grâce au renforcement des efforts de défense des Européens et au réveil stratégique de l’Union européenne, et bien sûr, de recommencer à construire, ou plutôt de réinventer l’amitié entre la France et les États-Unis.

Cet héritage inestimable, une responsabilité commune de le faire vivre au présent, et c’est bien ce que nous sommes déterminés à faire et c’est bien ce que nous faisons. Notre coopération militaire se développe, la ministre des armées l’a souligné hier dans sa visite à Washington. Nous avons eu des déploiements récents de capacités aériennes françaises dans la région Indopacifique et comme le rappelle aussi le précieux soutien apporté par nos amis américains à notre engagement aux côtés de nos partenaires au Sahel, notre partenariat économique est en plein essor, en témoignent les 1,3 million d’emplois créés des deux côtes de l’Atlantique par nos entreprises, ce qui fait de la France l’un des tout premiers investisseurs aux États-Unis et des États-Unis l’un des tout premiers investisseurs en France, en témoigne aussi le dynamisme des communautés de la French Tech. En témoigne aussi le succès de notre coopération spatiale. Et parce que depuis Bartholdi, et même bien avant qu’il ne commence à imaginer la statue de la Liberté, ce sont toujours nos artistes, nos créateurs et nos penseurs qui ont écrit notre histoire commune.

Ce nouvel élan appelle la création d’une nouvelle institution culturelle française aux États-Unis, ce sera la villa Albertine qui accueillera ses premiers résidents dès cet automne sur l’ensemble du territoire américain.

Voilà, Antony Blinken, voilà, chers amis, ce que je tenais à dire pour souhaiter la bienvenue à cette nouvelle emblématique française de Washington. Il ne me reste donc plus qu’à remercier nos partenaires, grâce à qui elle est arrivée à bon port. Le Conservatoire national des arts et métiers, la CMA CGM, les autorités douanières et portuaires de New York, la Fondation de la Statue de la Liberté et d’Ellis Island, le National Park Service du District de Columbia et, bien sûr, mon Cher Tony, le Département d’État, et j’en profite pour vous passer la parole.

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