Présentation de l’Erythrée

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Données générales

ÉRYTHRÉE {JPEG}

Présentation du pays

Nom officiel : État d’Erythrée
Nature du régime : Régime à parti unique
Chef de l’État : M. Issayas Afeworki (ou Afwerki)

Données géographiques

Superficie : 117 600 km²
Capitale : Asmara
Villes principales : Asmara, Massaoua, Assab, Keren
Langue (s) officielle (s) : tigrinya, arabe, anglais
Langue (s) courante (s) : tigrinya, arabe, tigré, kunama, afar, bilen, saho, nara et autres langues couchitiques
Monnaie : Nakfa ; 1€ = 16,98 ERN (décembre 2021)
Fête nationale : 24 mai (Jour de l’Indépendance)

Données démographiques

Population : environ 3 millions (estimation)
Densité : 30 hab./km2
Croissance démographique : 1.6 (2011)
Espérance de vie : 66 ans (2019, PNUD)
Taux d’alphabétisation : 60%
Indice de développement humain : 0,434 – 182e sur 187 (2019)
Religions (estimation) : Musulmans sunnites 50% ; Chrétiens orthodoxes 30% ; Catholiques 13% ; Autres 7% (Protestants, Adventistes du Septième Jour, Témoins de Jéhovah)

Présence française

Ambassade de France : Asmara
Communauté française en Erythrée (2020) : 10 (avec une majorité de binationaux)
Communauté érythréenne en France (2019) : 7651 (nombre de personnes disposant d’un titre ou d’un document de séjour valide au 31/12/2019)

Éléments d’actualité

Politique intérieure

À la tête du pays depuis l’indépendance en 1993, le Président Issayas Aferworki du Front Populaire pour la Démocratie et la Justice (parti unique issu en 1994 du Front populaire de Libération de l’Érythrée qui mena la lutte pour l’indépendance) concentre tous les pouvoirs. Le processus de démocratisation engagé en 1997 avec l’adoption d’une constitution est au point mort.

Le régime érythréen a supprimé la plupart des libertés et la situation des droits de l’homme y est très préoccupante : interdiction des partis politiques ; absence d’indépendance de la justice ; des prisonniers politiques toujours plus nombreux ; liberté de la presse et liberté syndicale inexistantes ; liberté de religion fortement encadrée ; arrestations et détentions arbitraires.

Depuis la guerre contre l’Éthiopie entre mai 1998 et juin 2000, le service national est à durée illimitée. Il peut se dérouler au sein des forces armées érythréennes mais également dans toutes les administrations civiles. L’opposition n’a pas de rôle actif et se trouve pour l’essentiel en Éthiopie, aux États-Unis ou en Europe.

Situation économique

L’Érythrée fait partie des pays les moins avancés (PMA).

Le PIB du pays est estimé à 2 Md$ en 2018. Après 3,8 % en 2019, la croissance s’établirait à -0,6 % en 2020 (DGT). Le secteur des services a le poids le plus important dans l’économie en raison des activités de commerce liées au positionnement géographique du pays.

Le secteur primaire est très peu développé en raison des faibles ressources agricoles et, s’il emploie 70% de la population, il représente moins de 15% du PIB. Le secteur industriel représente quant à lui 22% de l’économie et repose sur l’industrie extractive : le pays dispose d’importantes ressources de cuivre, d’or, de minerai de fer, de nickel, de granite et de potasse (notamment la mine de Colulli, dont l’exploitation devrait commencer en 2022).

Le secteur privé est quasi-inexistant en Érythrée en raison d’un environnement des affaires très difficile lié à l’omniprésence de l’État dans l’économie.
Le déficit budgétaire s’est élevé en moyenne à 10% du PIB au cours des dernières années en raison de ressources domestiques extrêmement faibles (moins de 14% du PIB). De ce fait la dette publique augmente régulièrement et serait, d’après la Banque mondiale, de près de 267% en 2019.

Le niveau de l’aide publique au développement reçue par l’Érythrée est relativement faible pour un PMA. Les deux principaux donateurs sont le Fonds mondial et la Commission européenne (l’UE finance un projet de rénovation des routes en Érythrée, à hauteur de 20M € via le Fonds Fiduciaire d’Urgence).


Politique étrangère

Relations avec l’Éthiopie

Le Front de Libération du Peuple Érythréen et le Front de Libération du peuple du Tigré éthiopien ont collaboré dans leur lutte contre le régime du Derg, dirigé par Mengistu Haile Mariam. Les Éthiopiens ont accepté l’indépendance de l’Érythrée après la chute de Mengistu. Néanmoins, les frictions frontalières, notamment autour de la ville de Badme, suivies de l’introduction de la monnaie érythréenne en 1997 ont mené à une rapide détérioration des relations.

Ces tensions ont débouché sur un conflit meurtrier (54 000 à 137 000 victimes selon les estimations) de mai 1998 à juin 2000. La médiation de l’Organisation de l’Union africaine, soutenue par le Conseil de sécurité des Nations unies et l’Union européenne, a abouti à la signature des accords d’Alger le 12 décembre et à la délimitation de la frontière par une commission arbitrale, dont les décisions ont attribué la ville de Badme à l’Érythrée. Néanmoins, les Éthiopiens ne s’étant jamais retirés de cette ville et de ses environs, un état de guerre froide a perduré jusqu’à l’accession d’Abiy Ahmed à la primature éthiopienne. Le 5 juin 2018, le parti au pouvoir en Éthiopie, l’EPRDF, a annoncé son intention d’appliquer pleinement les accords d’Alger et de renouer avec l’Érythrée. Le 8 juillet 2018, le Premier ministre éthiopien s’est rendu à Asmara. Dans les jours qui ont suivi, les relations diplomatiques ont été rétablies, tout comme les liaisons téléphoniques et aériennes. En retour, le président érythréen s’est déplacé en Éthiopie en juillet 2018. De nombreux déplacements du Président érythréen en Éthiopie ont suivi en 2019 et 2020, sans ce que ces fréquents échanges ne se traduisent en avancées concrètes pour le processus de paix (pas de rétrocession du triangle de Badmé par l’Éthiopie, ni accord commercial).

En septembre 2018, un accord de paix formel a été signé à Djeddah sous les auspices du roi d’Arabie Saoudite. Dans le même temps, deux points de passage ont été ouverts à la frontière éthiopienne laissant passer près de 30.000 Érythréens jusqu’en décembre 2018, date à laquelle ces deux points de passage ont été fermés. En janvier 2019, un troisième poste frontière a été inauguré non loin de la frontière soudanaise mais a également été fermé quelques semaines plus tard sur décision des autorités érythréennes. La frontière avec l’Éthiopie reste fermée depuis lors.

Depuis novembre 2020 des troupes érythréennes combattent aux côtés des troupes éthiopiennes dans la région du Tigré, contre les velléités autonomistes du Tigrayan People Liberation Front. Les troupes érythréennes sont accusées de commettre des exactions et de contribuer à la violation des droits de l’homme en Éthiopie.

Relations avec Djibouti

Les relations avec Djibouti se sont dégradées en 2008, lorsque l’Érythrée a déployé ses troupes dans la zone contestée du Ras Doumeira (mort d’une cinquantaine de soldats djiboutiens et d’une centaine de soldats érythréens).

Ce différend a été porté, à la demande djiboutienne, devant le Conseil de sécurité des Nations unies et a abouti au vote, à l’unanimité, de la résolution 1862 le 14 janvier 2009. Cette résolution condamne l’action militaire conduite par l’Érythrée contre Djibouti et exige le retrait érythréen.

Face aux réticences érythréennes, le Qatar a entrepris des efforts de médiation entre les deux pays entre 2010 et 2017. L’obtention d’un accord sur le fond – la démarcation de la frontière entre les deux pays – se heurte principalement à la question des prisonniers de guerre (lors des combats de juin 2008, 19 militaires djiboutiens et 21 soldats érythréens avaient en effet été faits prisonniers) et au tracé de la frontière.

La main tendue d’Abiy Ahmed à l’Érythrée en 2018 et la réconciliation qui s’en est suivie ont donné un autre relief au conflit entre Djibouti et l’Érythrée. En effet, Djibouti entretenait des relations étroites avec le régime éthiopien, en particulier parmi l’élite tigréenne (groupe ethnique minoritaire) au pouvoir en Éthiopie depuis 1991, mais l’arrivée à la primature d’Abiy Ahmed, issue d’une autre ethnie, les Oromo, et l’accord de paix signé entre l’Éthiopie et l’Érythrée, le 16 septembre 2018, ont remis en question le soutien exclusif dont Djibouti bénéficiait de la part d’Addis-Abeba. Abiy Ahmed avait appelé, dès le mois de juillet 2018, à la levée des sanctions onusiennes contre l’Érythrée de manière immédiate et sans conditions, soulevant de vives réactions de la part des Djiboutiens. Le régime de sanctions (essentiellement un embargo sur les armes) comportait un « volet djiboutien » exhortant Asmara et Djibouti à œuvrer à la résolution de leurs contentieux bilatéraux.

Le 15 novembre 2018, le CSNU a voté à l’unanimité la résolution 2444 mettant fin au régime de sanctions à l’encontre de l’Érythrée. Si le président djiboutien a pu rencontrer son homologue érythréen à Djeddah, en septembre 2018, cette prise de contact n’a été suivie d’aucune avancée concrète.

Rapprochement Éthiopie – Érythrée – Somalie

Parallèlement à son rapprochement avec l’Éthiopie, l’Érythrée a également rétabli ses relations diplomatiques avec la Somalie, qui soupçonnait auparavant le régime d’Issayas Afeworki de soutenir le groupe Al-Shabab. Les chefs d’État et de gouvernement de ces trois pays se rencontrent régulièrement depuis.

Intégration régionale

L’Érythrée est membre de l’Union africaine (UA). Elle a suspendu sa participation en 2009. Elle a rouvert un bureau permanent et nommé un représentant permanent en décembre 2010. Elle est néanmoins le dernier membre de l’UA à ne pas avoir signé le traité portant sur la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).

L’Érythrée est membre de l’IGAD (Intergovernmental Authority on Development). Elle a suspendu sa participation en 2006 et ne semble plus désireuse de la réintégrer.

L’Érythrée est aussi membre du COMESA (Marché commun d’Afrique orientale et australe).

Mise à jour : 14.01.22

Informations complémentaires