Corée du Sud - Interview de Catherine Colonna dans Yonhap News (15 avril 2023)

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Quelle est la position de la France vis-à-vis des provocations nucléaires et balistiques nord-coréennes ?

Sur cette question, la position de la France est constante. Nous n’avons cessé de condamner avec la plus grande fermeté les tirs de missiles balistiques effectués par la Corée du Nord. Ce sont des violations flagrantes et parfaitement inacceptables des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. La multiplication de ces tirs, auxquels nous assistons depuis plusieurs années, et la poursuite par la Corée du Nord de son programme nucléaire illicite, pourtant condamné de façon très claire et à maintes reprises par l’ensemble de la communauté internationale, constituent une grave menace pour la paix et la stabilité régionales, mais aussi pour la sécurité internationale. Les déclarations récentes des autorités nord-coréennes sur le développement d’un arsenal nucléaire tactique et les appels à accélérer la production d’armes nucléaires sont également très préoccupantes.

Face à cette menace et aux multiples provocations nord-coréennes, la République de Corée peut compter, aujourd’hui comme hier, sur l’entière solidarité de la France, ainsi que sur sa fermeté et sa détermination à faire respecter le droit international. Nous le faisons avec constance au Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU), en tant que membre permanent, en exhortant la Corée du Nord à se conformer sans délai à ses obligations internationales, c’est-à-dire mettre fin à ses actions déstabilisatrices et donner enfin suite aux offres de dialogue qui lui ont été faites. Nous le faisons aussi en luttant très concrètement contre le contournement des sanctions.

C’est le message que je porterai en Corée, en me rendant dans la zone démilitarisée ainsi que sur la frégate française Prairial en escale.

Dans le cadre de la politique Indopacifique de la France, une participation de la flotte française dans le Pacifique aux exercices militaires conjoints entre la Corée du Sud, les États-Unis et le Japon serait-t-elle une possibilité ?

La France participe régulièrement à des activités militaires d’entraînement avec les forces armées de nos alliés et partenaires dans l’Indopacifique. Elle en organise même régulièrement, sous l’autorité de mon collègue le ministre des Armées Sébastien Lecornu, comme lors des manœuvres ARC21 que nous avons conduites avec les États-Unis, le Japon et l’Australie en mai 2021. Plus récemment, le déploiement du groupe aéronaval en océan Indien, entre décembre et février dernier, a donné lieu à plusieurs exercices conjoints avec les États-Unis et le Japon, mais aussi avec l’Inde et Singapour. Nous sommes déterminés à renforcer notre engagement en matière de sécurité dans la région dans le cadre de notre stratégie indopacifique, en lien avec l’ensemble de nos partenaires. La loi de programmation militaire prévoit une hausse significative de nos moyens pour ce faire.

Le président français Emmanuel Macron se rendra en Chine cette semaine. Serait-il possible qu’il vienne en Corée du Sud à l’occasion du G7 à Hiroshima au Japon prévu en mai prochain ?

La Corée est un partenaire très important dans la région Indopacifique. Le Président Emmanuel Macron l’a déjà dit : il désire vivement se rendre en République de Corée. Nos deux pays recherchent le meilleur moment pour réaliser cette visite, qui sera à n’en pas douter un jalon essentiel de notre relation bilatérale.

Le Président de la République vient d’achever en effet une visite d’Etat en Chine. Dans le cadre de notre dialogue exigeant avec Pékin, nous allons poursuivre un engagement commun sur les grands enjeux globaux, notamment les questions environnementales, la sécurité alimentaire et la dette des pays les plus vulnérables. Un sommet sur un Nouveau pacte financier mondial sera d’ailleurs organisé à Paris en juin. Nous sommes également clairs sur nos attentes en matière commercial et stratégique, y compris l’importance de la guerre en Ukraine pour l’Europe.

En Corée, certains parlent d’armement nucléaire contre la menace nord-coréenne. La France tolérerait-elle que la Corée du Sud détienne des armes nucléaires ou des missiles nucléaires tactiques ?

Je voudrais tout d’abord réaffirmer, devant le peuple sud-coréen, la solidarité et le soutien sans faille de la France face à la menace posée par les programmes nucléaire et balistique nord-coréens. Nous continuerons d’être intransigeants, à vos côtés, jusqu’à ce que la Corée du Nord renonce à ses programmes.
Tout comme la Corée du Sud et les 189 autres États parties, la France est profondément attachée au traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Ce Traité, qui permet de garantir la limitation du nombre d’États possesseurs de l’arme nucléaire, joue un rôle primordial pour assurer la stabilité internationale et il a montré son efficacité depuis plus de 50 ans. Il doit demeurer la pierre angulaire du régime international de non-prolifération et un pilier essentiel de l’architecture de sécurité collective.

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