Déclaration conjointe de l’Inde, de la France et de l’Australie à l’occasion du dialogue ministériel trilatéral (4 mai 2021)

Partager

1. Le ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, M. Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères de l’Inde, M. Subrahmaynam Jaishankar, et la ministre des Affaires étrangères de l’Australie, la sénatrice Marise Payne, se sont réunis à Londres, à l’occasion du premier dialogue ministériel trilatéral, le 4 mai 2021, en marge de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G7.

2. L’Inde, la France et l’Australie sont déterminées à promouvoir leurs valeurs communes et à travailler ensemble au service d’une région indopacifique libre, ouverte, solidaire et reposant sur des règles de droit. Les ministres ont réaffirmé leur soutien à l’Etat de droit, à la liberté de navigation et de survol, au règlement pacifique des différends, aux valeurs démocratiques et au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale. Ils ont réaffirmé leur attachement au rôle central de l’ASEAN et leur soutien à la « vision de l’ASEAN pour la région indopacifique », en notant que l’initiative de l’Inde relative aux océans Indien et Pacifique (IPOI) en était complémentaire. Ils ont salué la décision française d’adhérer à cette initiative en prenant la tête du pilier portant sur les ressources marines, et reconnu le rôle joué par l’Australie à la tête du pilier portant sur l’écologie marine.

3. L’Inde a remercié la France et l’Australie pour l’aide qu’elles lui ont apportée dans la riposte à la pandémie. Les ministres sont convenus de renforcer la coopération trilatérale pour faire face aux difficultés engendrées par la pandémie de COVID-19. Ils ont appelé à garantir un accès juste et équitable à des vaccins et à des traitements de qualité, sûrs, efficaces et à un prix abordable partout dans le monde, ce qui sera déterminant pour permettre une relance collective, tout particulièrement s’agissant des personnes vulnérables ou se trouvant dans des situations de vulnérabilité, notamment les femmes et les filles, ou encore dans les pays les plus vulnérables, particulièrement en Afrique. Ils ont reconnu la contribution positive de l’Inde qui a fourni des doses de vaccin contre la COVID-19 à différents pays dans le monde entier, tant sur le plan bilatéral que par le biais de mécanismes multilatéraux (COVAX) pleinement soutenus et abondés par la France et l’Australie.

4. Au cours du dialogue ministériel, les trois pays ont exprimé des préoccupations communes relatives aux enjeux stratégiques, économiques, environnementaux et de sécurité dans la région indopacifique. Ils se sont engagés à travailler de concert et ont reconnu le rôle important des forums régionaux, tels que l’Association des États riverains de l’océan Indien, le Symposium des marines de l’océan Indien, l’ASEAN, le Sommet d’Asie orientale et le Forum des îles du Pacifique.

5. Les Ministres ont évoqué la situation actuelle en Birmanie.

6. Les ministres ont affirmé leur volonté de lutter contre les changements climatiques et d’accroître leur coopération dans le cadre de mécanismes multilatéraux tels que l’Alliance solaire internationale, en particulier dans la perspective de la COP 26.

7. Ils ont souligné leur volonté de développer des infrastructures durables, résistantes et de qualité dans la région indopacifique et sont convenus pour ce faire de travailler de concert au sein de la Coalition pour des infrastructures résistantes aux catastrophes.

8. L’Inde, la France et l’Australie se sont engagées à travailler de concert avec une série de partenaires pour promouvoir un ordre maritime fondé sur des règles de droit, reposant sur le respect de la souveraineté et du droit international. Elles ont affirmé le caractère central de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer ainsi que la nécessité pour toutes les activités menées en mer et dans les océans de s’inscrire dans le cadre juridique fourni par cette convention.

9. Les trois ministres ont passé en revue les conclusions de la première réunion du dialogue trilatéral entre les secrétaires d’État aux affaires étrangères qui s’est tenue le 9 septembre 2020, qui ont enregistré des progrès autour de trois piliers : la sécurité et la sûreté maritimes, la coopération marine et environnementale et l’engagement au plan multilatéral.

10. Les ministres sont convenus d’approfondir leur coopération relative à la sécurité et à la sûreté maritimes dans la région indopacifique. À ce sujet, les trois ministres ont salué l’atelier trilatéral d’échange d’informations portant sur la sensibilisation au domaine maritime qui s’est tenu au Centre de fusion d’informations pour la région de l’océan Indien (IFC-IOR), au sein duquel la France et l’Australie ont toutes deux affecté un officier de liaison ; ils ont encouragé l’échange d’informations entre les organismes compétents en matière d’assistance humanitaire et de réponse aux catastrophes des trois pays.

11. Les ministres ont reconnu que la pêche illicite, non déclarée et non réglementée constituait un enjeu transfrontalier et transnational et portait atteinte à la durabilité biologique des stocks de poissons concernés ainsi qu’aux moyens de subsistance des pêcheurs, en particulier les pêcheurs artisanaux et les communautés côtières des pays en développement et des petits États insulaires en développement. Ils ont également pris note du caractère mondial que revêtait l’enjeu de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, en particulier dans les zones ne relevant pas de la juridiction nationale, du fait qu’elle nécessitait une approche coordonnée, et que des cibles identifiées dans le cadre de l’objectif de développement durable 14 (vie aquatique) permettaient de lutter contre ce phénomène et de traiter de manière plus générale la problématique de la gestion durable des stocks mondiaux de poisson.

12. Les ministres se sont engagés à travailler de concert pour la santé et la bonne gestion des océans, notamment en promouvant le développement d’une économie bleue durable, en protégeant les récifs coralliens, en soutenant la biodiversité marine et en combattant la pollution marine, en particulier la pollution des déchets plastiques.

13. Les ministres ont pris note du succès enregistré par le premier dialogue trilatéral relatif à la coopération multilatérale. Ils ont reconnu d’un commun accord que la crise de la COVID-19 avait démontré plus que jamais la nécessité de disposer d’institutions multilatérales solides, reposant sur des principes d’ouverture, de responsabilité et d’équilibre, et à même de servir l’ensemble des pays pour traiter les problématiques mondiales. Ils ont réaffirmé leur attachement à un multilatéralisme réformé où les Nations Unies occupent un rôle central, et les ministres de l’Australie et de la France ont réaffirmé à ce sujet leur soutien à l’octroi à l’Inde d’un statut de membre permanent au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies. Ils ont fait part de leur souhait de continuer à échanger au sein de l’Alliance pour le multilatéralisme pour continuer d’approfondir la coopération multilatérale.

14. Les ministres se sont engagés à renforcer leur concertation au sein des institutions multilatérales, en particulier l’Organisation mondiale de la santé, les organes normatifs et le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Ils se sont engagés à interagir de manière étroite au sein du G20, en portant un intérêt particulier à la relance économique et à la lutte contre la COVID-19. Ils ont réaffirmé leur attachement à l’Accord de Paris qui constitue la ligne directrice des discussions sur les changements climatiques au sein du G20.

15. Les ministres ont souligné la nécessité de coopérer en matière de lutte contre le terrorisme, en particulier à l’occasion de la prochaine conférence ministérielle de lutte contre le financement du terrorisme « No Money for Terror ». Les ministres ont noté qu’il était important de coopérer pour lutter contre les activités malveillantes en ligne qui menacent la sécurité internationale et pour veiller à ce que les technologies essentielles servant nos intérêts communs en matière de sécurité et de prospérité soient conçues et mises en œuvre dans le respect de l’ordre public et des valeurs démocratiques.

16. Les ministres ont aussi salué le format 1.5 du dialogue trilatéral organisé en marge du Dialogue Raisina par Carnegie India (Inde), la Fondation pour la recherche stratégique (France) et le National Security College de l’Australian National University (Australie), avec la participation de représentants des gouvernements des trois pays. Ils ont salué les propositions visant à identifier de nouvelles pistes de coopération pour les trois pays affinitaires, qui ont vu le jour lors de la réunion du Dialogue dans son format 1.5, notamment l’appui aux intérêts partagés en matière de connectivité régionale, de résistance des chaînes d’approvisionnement, de débris marins, de technologies numériques et de technologies essentielles.

17. Les ministres ont réaffirmé leur volonté de poursuivre la dynamique de leurs échanges, notamment au niveau des chefs d’État et de gouvernement, et d’étendre la coopération trilatérale à de nouveaux sujets susceptibles de garantir la sécurité, la stabilité, l’ouverture et la prospérité pour tous dans la région indopacifique.

18. Ils sont convenus d’organiser la deuxième réunion du groupe de travail des hauts fonctionnaires durant le deuxième semestre de 2021 pour examiner les progrès enregistrés dans la mise en œuvre des conclusions du dialogue ministériel et faire avancer ce partenariat en pleine expansion.