Déclaration des ministres des affaires étrangères de dix-huit pays d’Europe, d’Amérique latine et des Caraïbes, et du haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité – COVID-19 (10 juillet 2020)

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Nous, ministres des Affaires étrangères de dix-huit pays* d’Europe, d’Amérique latine et des Caraïbes, et haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, réunis aujourd’hui à l’occasion de la conférence ministérielle organisée le 10 juillet 2020 sur invitation de la France, de l’Espagne et de l’Union européenne, rendons hommage aux victimes de la pandémie de COVID-19. Nous exprimons notre profonde reconnaissance et notre ferme soutien aux professionnels de santé, au personnel soignant et aux autres personnes travaillant en première ligne pour leur dévouement, leurs efforts et les sacrifices qu’ils ont consentis, bien au-delà de ce que le devoir leur imposait.

Nous exprimons notre conviction selon laquelle la crise sanitaire, économique et sociale sans précédent provoquée par la pandémie nécessite que nous unissions nos forces dans le cadre d’un dialogue politique approfondi, fidèles à l’esprit de solidarité et de coopération qui anime les relations entre nos deux régions.

À cet effet :

1. Nous réaffirmons notre volonté de renforcer la coopération entre nos deux régions pour faire face à la pandémie de COVID-19 et à ses conséquences, en particulier économiques et sociales. Cette coopération, qui s’appuie sur le partenariat stratégique bi-régional et sur nos valeurs partagées, s’inscrit dans notre volonté commune de voir nos populations vivre dans des sociétés justes, solidaires, prospères, durables et démocratiques. Nous sommes convaincus qu’en donnant un nouvel élan au dialogue étroit et fondé sur la confiance entre nos deux régions, nous contribuerons à surmonter les difficultés liées à la crise actuelle afin de bâtir un meilleur avenir pour les pays de l’Union européenne, d’Amérique latine et des Caraïbes.

2. Nous rappelons que les relations entre nos deux régions jouent également un rôle déterminant en ce qui concerne leurs économies et leurs sociétés : l’Union européenne, premier investisseur en Amérique latine et aux Caraïbes, est également le premier contributeur de coopération de cette région, et celle-ci est l’un des moteurs historiques de croissance de l’économie internationale. Par ailleurs, les échanges commerciaux entre l’Union européenne et l’Amérique latine et les Caraïbes ont connu une augmentation continue au cours de la dernière décennie ; selon la stratégie extérieure de l’UE pour la lutte contre la COVID-19, il s’agit d’un levier pour une reprise rapide de la croissance.

3. Nous nous félicitons de la solidarité existant entre nous, qui s’est manifestée dès les prémices de la crise sanitaire liée à la COVID-19. Nos pays ont coopéré efficacement, avec la contribution de l’Union européenne, pour faire en sorte que leurs ressortissants surpris par les mesures de restriction des déplacements pendant un voyage à l’étranger soient pris en charge. Nous avons uni nos efforts et nous les poursuivrons afin que le rapatriement de ces personnes vers leur pays d’origine continue.

4. Nous reconnaissons que la pandémie de COVID-19 a des effets disproportionnés sur les personnes les plus pauvres et vulnérables et qu’elle influe sur les progrès en matière de santé et de développement, surtout dans les pays en développement, ce qui complique la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) du Programme 2030.

5. Nous réaffirmons notre soutien aux Nations unies, et en particulier à l’Organisation mondiale de la santé, qui joue un rôle majeur dans la coordination internationale de la réponse à la COVID-19, afin que celle-ci poursuive ses efforts visant à affronter la crise sanitaire, dans le respect des principes de transparence et de cohérence pour l’élaboration de recommandations. La coopération et la solidarité doivent être au cœur de notre réponse à la pandémie. Nous soutenons l’évaluation impartiale, indépendante et complète, réalisée dans les meilleurs délais, pour mettre en œuvre les enseignements tirés de la réponse sanitaire internationale à la COVID-19 coordonnée par l’OMS et prévue par la résolution « Riposte à la COVID-19 » adoptée par l’Assemblée mondiale de la santé le 19 mai dernier. Nous nous engageons à renforcer le système de protection sanitaire international, et notamment à mettre en œuvre entièrement les normes sanitaires ayant fait l’objet d’un consensus, comme le Règlement sanitaire international.

6. Nous nous engageons à lutter contre la pénurie de matériel médical essentiel, à encourager la circulation adéquate de l’équipement et des produits nécessaires à la prévention et au traitement de la maladie et à considérer l’accès aux futurs vaccins comme des biens publics mondiaux. À cet effet, nous apportons notre soutien à l’initiative d’accélérateur d’accès aux outils contre la COVID-19 (ACT Accelerator), dont l’objectif est d’accélérer le développement, la production et l’accès équitable et universel aux tests, aux traitements et aux vaccins contre la COVID-19 et de renforcer les systèmes sanitaires, en particulier dans les pays les plus vulnérables et pour les secteurs les plus fragiles de nos sociétés. Nous encourageons également les scientifiques et les responsables de la santé publique de nos deux régions à poursuivre et à intensifier leurs échanges d’expérience.

7. Au-delà de l’urgence sanitaire, nous devons tirer les enseignements de la crise et prévenir les conséquences les plus dommageables à moyen et à long terme. Pour ce faire, nous dresserons un bilan de notre coopération dans le domaine de la recherche médicale, biologique et pharmaceutique afin de déterminer comment elle pourrait être renforcée. La prochaine réunion bi-régionale des hauts fonctionnaires en matière de science et technologie (initiative conjointe de recherche et d’innovation ou JIRI), prévue au second semestre de 2020, analysera comment nous pourrions contribuer plus efficacement à ces efforts.

8. Les conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire, parmi lesquelles l’augmentation du chômage et la perte importante de revenus, sont pour nous une source d’inquiétude majeure. Pour les surmonter, un seul moyen : la reprise complète et en toute sécurité des activités économiques, en tenant compte de la diversité des situations et conformément aux consignes des autorités compétentes. Nous réorientons actuellement les instruments nationaux de coopération et les fonds et programmes européens afin de faciliter la reprise et de parvenir à une sortie de crise durable qui aboutisse à des sociétés plus durables, prospères, justes et démocratiques, accordant une place plus importante au numérique.

9. Nous appelons les organisations de la société civile, dans chacun de nos pays, à rester mobilisées pour atteindre les ODD conformément au Programme 2030, et nous invitons toutes les enceintes bi-régionales, en particulier les acteurs qui travaillent dans ce sens, tels que la Fondation EU-LAC ou les groupes techniques UE-CELAC, à les accompagner dans cet effort. Nous convenons d’étudier ensemble les mesures susceptibles de contribuer à rétablir dès que possible les échanges de personnes, en particulier d’étudiants, de chercheurs, de spécialistes de la coopération et d’entrepreneurs, entre nos deux régions. Nous reconnaissons que la coopération visant à affronter la pandémie doit inclure les différents acteurs publics et privés afin d’optimiser l’utilisation des ressources.

10. Nous rappelons que nos deux régions entretiennent également un dialogue étroit et coopèrent dans le contexte de crises humanitaires ou politiques en recherchant des solutions politiques et pacifiques. Un exemple récent rassemblant les pays des deux régions a été la Conférence internationale des donateurs en solidarité avec les migrants et les réfugiés vénézuéliens dans les pays de la région, organisée par l’Espagne et par l’Union européenne le 26 mai 2020.

11. Nous réaffirmons notre soutien à tous les objectifs et buts de la Charte des Nations Unies, ainsi que notre détermination à conclure des accords ambitieux lors des prochaines conférences sur le changement climatique (COP26) et la biodiversité (COP15) en 2021. Nous sommes convaincus que la crise actuelle est un argument supplémentaire en faveur du renforcement du système multilatéral.

12. Nous réaffirmons que le respect des droits de l’Homme, de la liberté d’expression et de toutes les autres libertés fondamentales ainsi que de l’état de droit est une garantie de la légitimité des mesures nécessaires pour faire face à la crise provoquée par la pandémie, même dans les conditions les plus défavorables.

13. Afin d’atteindre ces objectifs, nous décidons d’entretenir un dialogue régulier et nous appelons les autres États intéressés de nos deux régions à nous rejoindre.

* Allemagne, Argentine, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, Croatie, Équateur, Espagne, France, Italie, Mexique, Pays-Bas, Pérou, Portugal, République dominicaine, Slovénie, Suède.