Afghanistan - Discours de Catherine Colonna à l’occasion du centenaire de la délégation archéologique française en Afghanistan (DAFA) (17 juin 2022)

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"Madame la Présidente,
Mesdames, Messieurs,

Je regrette de ne pas pouvoir être à vos côtés aujourd’hui mais je voulais vous adresser quelques mots en ouverture de cette journée de célébration du centenaire de la délégation archéologique française en Afghanistan.

Il y a cent ans, le Roi Amanullâh Khân et Alfred Foucher, missionné par le ministère des Affaires étrangères, signaient la convention concédant le privilège des fouilles archéologiques à la délégation archéologique française en Afghanistan, ouvrant la voie à la première légation française en 1923. La DAFA est née de ce geste d’amitié. Diplomatie et archéologie étaient déjà intimement liées. Depuis un siècle, de nombreux archéologues se sont succédé. Les manifestations à venir organisées dans le cadre de la célébration de ce centenaire seront l’occasion de célébrer cette relation unique et de leur rendre hommage.

L’histoire de la DAFA fut tumultueuse, à l’image de celle de l’Afghanistan. Sa fermeture en septembre 1982, suite à l’invasion soviétique, a mis en sommeil ses activités sur le terrain pendant vingt ans. En 2001, le dynamitage des bouddhas de Bamiyan a ensuite ouvert un triste chapitre : celui de la destruction des biens culturels, du patrimoine et donc de la mémoire. Mais la DAFA a tenu bon. Son bilan, remarquable, est là pour nous le rappeler.

Les travaux réalisés sur les Bouddhas de Bamiyan, la découverte du trésor de Begram en 1938-39, celle de la cité grecque d’Aï Khanoum ou plus récemment les fouilles menées à Bactres, à Mès Ainak et à la Citadelle de Kaboul, témoignent de la diversité des courants artistiques et culturels qui ont forgé, au fil des siècles, l’identité de l’Afghanistan. L’exposition « les trésors retrouvés », inaugurée en 2006 au musée Guimet, montrait pour la première fois la richesse de ce patrimoine. Je m’en souviens avec émotion.

Nous célébrons donc aujourd’hui une coopération exemplaire avec nos partenaires afghans et l’engagement de nos archéologues et de nos diplomates. Ils étaient portés par la conviction que, si leur mission était avant tout d’aider les Afghans à forger les outils nécessaires à la construction de leur identité culturelle, elle avait aussi pour but de montrer l’intérêt universel de l’héritage issu des traditions bouddhistes, hellénistiques, zoroastrienne et soufies du pays.

Hélas, alors que la reprise du pouvoir par les Taliban a contraint au départ la plupart des personnels internationaux, les activités de la DAFA sur le terrain sont désormais suspendues. La DAFA reste toutefois active depuis la France, avec en particulier la création et l’animation d’une task-force afghane en partenariat avec l’Institut national du patrimoine et Expertise France.

En vous réunissant aujourd’hui au Louvre - musée national mais aussi universel - pour célébrer ce centenaire, nous souhaitons rappeler l’attachement de la France à la préservation et à la valorisation du patrimoine afghan. C’est un moyen de réaffirmer notre solidarité avec les Afghanes et les Afghans.

Permettez-moi d’adresser tous mes remerciements à la Présidente-directrice du Louvre, Laurence des Cars, pour cette cérémonie. Je veux aussi saluer l’action du Musée Guimet et de sa Présidente Sophie Makariou tout au long de cette année. Mes remerciements vont également aux équipes du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, dont l’action témoigne qu’il est possible d’assurer la continuité de la diplomatie culturelle, même dans les contextes sécuritaires les plus dégradés : notre ambassadeur David Martinon, le conseiller culturel Olivier Huyn Van et, bien sûr, le Directeur de la DAFA, Philippe Marquis. Je salue votre engagement au service de l’amitié franco-afghane.

Les bouleversements de l’an dernier ont plongé l’Afghanistan dans une profonde crise humanitaire, politique, sociale et économique. Face à la gravité de la situation, la France est pleinement mobilisée : à titre national et à travers l’Europe, nous apportons une aide humanitaire massive pour répondre aux besoins urgents de la population afghane. Nous continuerons également à passer les messages les plus clairs afin que soient respectés les droits de l’Homme et les libertés fondamentales, en particulier pour les femmes et les filles afghanes, droits et libertés, qui ne le sont pas.

Mesdames, Messieurs,

Depuis cent ans, la France se tient résolument aux côtés du peuple afghan.
Puisse le travail inlassable de la DAFA au service de cette amitié, nous aider à construire ensemble l’avenir des jeunes de ce pays.

Je vous remercie."

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