Trésors photographiques du Quai d’Orsay - Collection Henri Gouraud (1867-1946) (La Courneuve, 2017)

Partager

À l’occasion du 150e anniversaire de la naissance du général Gouraud, la direction des Archives diplomatiques vous propose une exposition qui illustre son parcours au travers de quatre grands thèmes : Afrique, la Grande Guerre, la Syrie et le Liban, Gouverneur militaire de Paris.

(Exposition jusqu’au 30 août 2017 au centre des Archives diplomatiques de La Courneuve.)

Le nom d’Henri Gouraud est associé étroitement à la constitution du second empire colonial français, à la fin du XIXe siècle.
Henri Gouraud arrive en Afrique en 1894. Affecté successivement au Mali, au Niger, au Congo puis au Tchad, il se fait une double réputation de soldat et d’administrateur, qui lui vaut d’être chargé, en 1908, de la conquête de la Mauritanie, puis, de 1911 à 1914, d’être associé à l’établissement du protectorat sur le Maroc.
Durant la Grande Guerre, Henri Gouraud participe brillamment à la victoire en 1918, lors des combats de Champagne. En 1919, il est chargé du mandat français sur la Syrie et le Liban.
Proche de Lyautey, Henri Gouraud a un goût prononcé pour l’histoire. Tout au long de sa carrière, il accumule une documentation abondante sur les pays dans lesquels il est affecté, parmi laquelle plus de dix mille photographies. Ses archives constituent un témoignage unique sur l’histoire de la colonisation. Elles ont été données définitivement par sa famille au ministère des Affaires étrangères, en 2015.

Illust: Carte de voeux (...), 221.5 ko, 397x263
Carte de voeux pour la nouvelle année 1920, montrant la place « réservée » du général Gouraud, à la table alsacienne, Strasbourg, décembre 1919. © Archives diplomatiques

Afrique
En 1898, Henri Gouraud est l’auteur d’un exploit que met en valeur le ministre des Affaires étrangères, Gabriel Hanotaux. Jeune capitaine, il fait prisonnier Samory, l’empereur du Ouassalou, région située à la limite du Sénégal, de la Guinée et du Mali actuels, qui résistait depuis quinze ans aux armées françaises.
Durant ses vingt années en Afrique, Henri Gouraud se forge une solide réputation d’administrateur. Avec des moyens extrêmement limités, il s’efforce de développer la connaissance de territoires qui commencent à peine à s’ouvrir à la présence française. En 1909, il commande avec succès la colonne de l’Adrar, qui permet à la France de conquérir la Mauritanie.
À partir de 1911, Henri Gouraud participe à l’établissement du protectorat au Maroc. En 1912, il dirige les opérations de Fès. Il assiste au renvoi du sultan Moulay Hafid et à son remplacement par le sultan Moulay Youssef. En 1914, il mène les combats de Taza, dans le but d’établir une liaison entre le Maroc et l’Algérie.

La Grande Guerre
Au début de la Première Guerre mondiale, Henri Gouraud est envoyé au front avec une brigade marocaine. En 1915, il remplace le général d’Amade aux Dardanelles, où la France et la Grande-Bretagne conduisent une périlleuse opération pour soulager le front occidental. Grièvement blessé par un obus, il est amputé d’un bras, mais retourne au front, où il reçoit le commandement de la 4e armée.
En décembre 1916, Henri Gouraud est envoyé au Maroc, où il remplace brièvement le général Lyautey, nommé ministre de la Guerre par le président du Conseil, Aristide Briand.
En 1918, il s’illustre en Champagne. Il résiste avec audace à l’offensive de Ludendorff et lance une contre-attaque décisive qui aboutit à la libération de Sedan et à la victoire sur l’Allemagne.
Le 25 janvier 1919, il reçoit du maréchal Pétain les insignes de grand-croix de la Légion d’honneur dans Strasbourg en liesse.

Syrie et Liban
En octobre 1919, Henri Gouraud est nommé haut-commissaire en Syrie et au Liban. À Beyrouth, il est accueilli en sauveur par la population, qui a gardé un souvenir ému de l’expédition de 1860, conduite par le général de Beaufort d’Hautpoul.
Chargé de remplacer les Britanniques en Cilicie, région du sud de l’Anatolie, Henri Gouraud combat les troupes turques puis se retire à la demande du gouvernement français, qui veut éviter une nouvelle guerre.
À Damas, en Syrie, Henri Gouraud s’oppose à Fayçal, fils du chérif de La Mecque, Hussein, qui, sur la foi des promesses de la Grande-Bretagne, notamment de Lawrence d’Arabie, s’est fait proclamer roi. En juillet 1920, il défait les troupes chérifiennes à la bataille de Khan Meyssaloun. Le 7 août 1920, il organise un grandiose défilé des troupes françaises dans Damas pour marquer l’établissement du mandat français. Le 1er septembre 1920, il proclame le Grand Liban à Beyrouth, sur le perron de la résidence des Pins,
actuelle ambassade de France.
Au Liban, frappé par une terrible famine pendant la Guerre, Henri Gouraud encourage les œuvres françaises d’éducation et d’assistance. À l’exemple du général Lyautey, il s’efforce de développer l’économie. Il organise une foire-exposition à Beyrouth et crée une mission économique.
Henri Gouraud lance aussi un programme de recherches archéologiques. Il crée le service des antiquités dont il confie la direction scientifique à l’Académie des inscriptions et belles lettres. En 1922, il fonde au palais Azem de Damas, l’Institut français d’archéologie et d’art musulman, confié à Eustache de Lorey. Il inaugure en juillet 1922 le musée de Beyrouth.

Gouverneur militaire de Paris
De 1923 à 1937, Henri Gouraud est gouverneur militaire de Paris. Il préside de nombreuses cérémonies à l’Arc de Triomphe, sur la tombe du soldat inconnu, et à l’hôtel des Invalides.
Henri Gouraud effectue aussi plusieurs tournées à l’étranger, notamment aux États-Unis, où la diplomatie veut sensibiliser l’opinion à la situation de la France, principale victime des destructions de la Guerre, et rappeler les Américains à leurs responsabilités dans les affaires internationales.
Partout où il se déplace, Henri Gouraud jouit d’une immense popularité. Par sa réputation de simplicité et de modestie, il incarne pour les Français « un personnage nouveau, symbolique, le rôle d’un drapeau animé, personnification de la patrie héroïque, victorieuse et meurtrie » (Jacques Bacot). Son rayonnement, « tout attraction, tout fluide » (Lyautey), sa silhouette raide et mutilée, sa « barbe rude qui semblait avoir été grillée par le soleil d’Afrique » (Paluel-Marmont) en font l’image d’une France restée droite dans l’épreuve et qui veut garder espoir au lendemain du plus terrible conflit de son histoire.
À sa mort, en 1946, Henri Gouraud est inhumé au milieu de ses soldats en Champagne.


Exposition réalisée par le ministère des Affaires étrangères et du Développement
international d’après l’ouvrage Henri Gouraud : photographies d’Afrique et d’Orient, trésors des archives du Quai d’Orsay (Éditions Pierre de Taillac, Archives diplomatiques, 2016)
Par Julie d’Andurain, Jean-Philippe Dumas (iconographie) et Françoise Aujogue (choix des documents), à partir du fonds Papiers d’agents Archives privées, fonds Henri Gouraud, 399PAAP.

***

CONCEPTION ET RÉALISATION : DIRECTION DES ARCHIVES

Département des Publics
Sélection des images, textes : Jean-Philippe Dumas, chef du pôle Collections
Coordination, scénographie : Christine Pomerantz, chef du pôle Communication
Communication : Christine Pomerantz, Sébastien Asselin

Département des Archives
Reproduction et impression des photographies : Ateliers (pôle Conservation)
Conseil conservation préventive : Marsha Sirven, responsable des Ateliers (pôle Conservation)

***

Rejoignez-nous sur http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/archives-diplomatiques/
et https://www.facebook.com/Archives.diplomatiques/


Ouverture au public : du lundi au vendredi de 10h à 17h, sur présentation d’une pièce d’identité (entrée gratuite)


Centre des archives diplomatiques
3 rue Suzanne Masson - 93126 La Courneuve
(RER B, station La Courneuve - Aubervilliers)