Discours du Président de la République : Sommet de lancement du Pacte mondial pour l’Environnement (New York, 19 septembre 2017)

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Merci beaucoup à vous d’être ici aujourd’hui.

Je veux remercier Monsieur le Secrétaire général des Nations unies de sa présence et de nous abriter en ces lieux et remercier chacune et chacun d’entre vous d’être présents aujourd’hui pour le Sommet de lancement du Pacte mondial pour l’Environnement.

Je suis très heureux, en effet, de vous retrouver aux côtés du secrétaire général, du président de l’Assemblée générale, entouré de tant de personnalités venues du monde entier pour, en quelque sorte, combler un retard.

On ne rattrape jamais totalement le temps perdu, parce que cette initiative aurait dû être prise depuis bien longtemps, mais je pense que, avec de la détermination, de l’organisation, de l’inspiration et de la volonté, nous pouvons faire beaucoup.

Depuis plusieurs années, plusieurs décennies, avant et après le Grand Sommet de la Terre de 1992, la protection de la Nature est progressivement devenue un combat quotidien de l’ONU et de toutes ses agences. Et ce combat a été mené difficilement, douloureusement parfois, mais avec passion et détermination dans tous les domaines, qu’il s’agisse du changement climatique, de la biodiversité, de la lutte contre la déforestation et la désertification, de la lutte contre les trafics d’espèces menacées, des mesures contre la pollution de l’air, de l’eau et des sols, ou de la sauvegarde des océans et des pôles.

Tous ces combats ont donné lieu à des déclarations, à des conventions, à des protocoles qui sont le fruit d’années et d’années de Recherche scientifique, de curiosité, de coopération, d’activisme, mais aussi de souffrances, de dégradations de ressources naturelles, de pillages et de gaspillages scandaleux.

Tous ces textes, tous ces efforts conjoints méritent l’adoption d’un cadre unique universel. Et je dois le dire, c’est ce qui nous réunit aujourd’hui dans cette salle. Un cadre qui portera au plus haut les ambitions des peuples et des gouvernements pour la protection de la Planète. Un cadre qui établira des droits, mais aussi des devoirs pour l’Humanité à l’égard de la Nature et donc à l’égard d’elle-même. Ce cadre collectif, c’est le Pacte mondial pour l’Environnement.

Je veux remercier les nombreux experts internationaux, européens et français qui ont travaillé pendant des mois pour élaborer ce projet. Laurent Fabius nous expliquera dans un instant comment les principes et les propositions d’articles de ce Pacte ont été posés, et ce projet constitue une magnifique base de travail sur laquelle, nous l’espérons, en tout cas je le souhaite vivement, l’Assemblée générale des Nations unies pourra utilement se prononcer en lien avec le PNUD sur le sujet d’intérêts communs pour avoir ensuite un agenda volontariste.

Ce projet, c’est un défi qui nous est lancé à tous, c’est de construire, en quelque sorte, le droit dont l’ère dans laquelle nous sommes entrés, l’Anthropocène, a besoin. Ce droit n’existe pas aujourd’hui, et c’est le sens de l’appel que nous adressons aujourd’hui en faveur de l’adoption de ce Pacte mondial pour l’Environnement.

Nous devons agir en conscience et réviser en profondeur les paradigmes de notre vie commune sur cette Planète, et pour cela, nous devons forger des idées, des notions, des règles nous permettant de poser le socle de ce nouvel engagement.

Nous savons toutes et tous que la dégradation de l’environnement cause déjà des centaines de milliers de morts, des millions selon certains calculs, dus au réchauffement de la Planète et à la pollution de l’air. Et les plus touchés, ce sont presque toujours les populations les plus vulnérables dans les pays les plus vulnérables, les enfants, les personnes âgées, les femmes en particulier les femmes enceintes, et si elle n’est pas freinée, cette évolution causera la disparition de territoires entiers. Elle accentuera les guerres de l’eau, les famines, l’épuisement des ressources naturelles, les exodes et donc tous les sujets de perturbations géopolitiques que nous connaissons parfaitement et donc, bien trop souvent, nous ne traitons que les conséquences ultimes, sans nous attaquer aux causes profondes.

Ces désastres seront pires demain si nous ne faisons rien, alors que de nombreuses opportunités et développements sont possibles, et si nous ne décidons pas d’agir dès maintenant.

Grâce au droit, grâce à ce Pacte mondial pour l’Environnement, il s’agit d’aller plus loin dans la transformation de nos sociétés, et d’agir résolument. L’organisation des Nations unies est l’enceinte adéquate pour bâtir ensemble ce Pacte mondial pour l’Environnement. Appuyons-nous sur le succès de l’agenda 2030 qui, avec l’Accord de Paris, constitue notre feuille de route commune pour transformer le monde. Et en renforçant le droit international de l’environnement, dans la poursuite des objectifs du développement durable, et donc en facilitant la mise en œuvre du pilier Environnement du développement durable, le Pacte sera un outil au service de tous les Etats dans la mise en œuvre de cet agenda 2030.

Pour le négocier, nous disposons déjà des principes fondateurs et de bases solides, telles que la Déclaration de Stockholm de 1972 et celle de Rio en 1992 et 2012, les conventions internationales globales ou sectorielles sur le Climat, la biodiversité, la lutte contre la désertification, les déchets et les produits chimiques ; et l’ensemble de ces instruments constitue un arsenal juridique qui nous permettra de réunir dans un texte unique, de nature contraignante, les différents éléments qui composent le Droit international de l’Environnement, afin de les compléter de manière ambitieuse, à l’aune de l’enjeu majeur que constitue la crise environnementale.

Je crois très profondément que le monde est prêt à cela, que c’est notre responsabilité ; et plutôt que de passer trop de temps à savoir si nous devrions rouvrir des sujets que nous avons déjà fermés, ou des décisions que nous avons déjà prises, nous devons plutôt aller de l’avant et construire l’étape suivante. Ce Pacte mondial pour l’Environnement, c’est cette étape suivante.

Aussi, je souhaite que nous puissions avoir aujourd’hui des discussions fructueuses, efficaces et conclure à un « plan de bataille », si vous me permettez cette expression non-belliqueuse dans ma bouche, mais qui cherche à atteindre le pragmatisme pour ce sujet.

Je vais tout de suite laisser la parole au président de l’Assemblée générale des Nations unies, Miroslav Lajcak.