Lutter contre la désertification et promouvoir la gestion durable des terres

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La désertification est souvent comprise, à tort, comme l’extension des déserts existants. La désertification correspond au phénomène de dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et subhumides, par suite de divers facteurs tels que les variations climatiques et l’activité humaine. Cette dégradation affecte le potentiel productif, économique et biologique de ces terres.

Les zones sèches en quelques chiffres
  • Les zones sèches représentent 40% de la superficie de la planète et sont réparties sur l’ensemble des continents ;
  • Les zones sèches abritent plus de 2 milliards de personnes, parmi lesquelles les populations les plus pauvres et les plus vulnérables ;
  • Les zones sèches contribuent significativement à l’offre alimentaire mondiale car elles abritent près de la moitié de tous les systèmes cultivés sur terre et la moitié du cheptel mondial ;
  • 12 millions d’hectares de terres sont dégradés annuellement. La perte des espèces et services écosystémiques de ces terres représenterait 10% du PIB mondial annuel.

Agir au carrefour de l’environnement et du développement

En 2019, le GIEC rappelait le rôle central que les terres jouent dans le système climatique. Les émissions de gaz à effet de serre issues en particulier de l’agriculture, de l’élevage, de la déforestation et de la dégradation des terres et des écosystèmes forestiers sont en effet responsables de 23% du total mondial des émissions d’origine humaine.
Dans le même temps, les processus naturels des terres absorbent l’équivalent d’un tiers des émissions de CO2 des énergies fossiles et de l’industrie. L’IPBES, plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques, estime également que restaurer 350 millions d’hectares de terres dégradées d’ici à 2030 pourrait générer l’équivalent de 9 000 milliards de dollars de services écosystémiques et absorber 13 à 26 gigatonnes de gaz à effet de serre.
Le phénomène de dégradation des terres constitue un enjeu majeur pour le développement durable et a de nombreuses conséquences environnementales, mais aussi sociales et économiques :

  • Destruction d’écosystèmes et appauvrissement de la biodiversité ;
  • Diminution de la capacité de stockage du carbone dans les sols ;
  • Raréfaction des ressources en eau ;
  • Pauvreté et insécurité alimentaire ;
  • Inégalités d’accès aux ressources naturelles ;
  • Hausse des conflits et de l’insécurité ;
  • Déplacements de population forcés.

Depuis 2012, la neutralité en matière de dégradation des terres fait l’objet de la cible 15.3 des Objectifs de Développement Durable. Il s’agit, d’ici à 2030, de lutter contre la désertification et de restaurer les terres dégradées, notamment celles terres affectées par la sécheresse, les inondations et les tempêtes de sable et de poussière.

Les instruments internationaux de lutte contre la désertification

La convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification

La Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD ou UNCCD en anglais), adoptée à Paris en 1994, est l’une des 3 conventions de Rio, au même titre que celles portant sur les changements climatiques et la diversité biologique.

La CNULCD est née de la mobilisation des pays en développement pour faire face à l’insuffisance des deux autres conventions de Rio pour traiter des enjeux qui leur étaient propres. Elle concerne principalement la conservation, la gestion durable et la restauration des terres et constitue un pont entre les thématiques d’environnement, de développement, de climat, de biodiversité et de sécurité alimentaire. Cette Convention est entrée en vigueur en 1996 et compte 197 Parties (196 États et l’Union européenne).

La France appuie la mise en œuvre de la Convention et apporte un soutien technique et financier à son Secrétariat exécutif.

La 15ème session de la Conférence des Parties de la CNULCD aura lieu du 9 au 20 mai 2022 à Abidjan, Côte d’Ivoire. Elle abordera les thématiques des sécheresses, de la restauration des terres et des tempêtes de sable et de poussière, ainsi que des sujets transversaux aux programmes de la Convention : régimes fonciers, genre et migration.

L’Observatoire du Sahara et du Sahel

L’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS) est une organisation à vocation régionale créée en 1992. Elle regroupe :

  • 26 États africains (Afrique du Nord, de l’Ouest, de l’Est et Afrique centrale),
  • 7 États du Nord (Allemagne, Belgique, Canada, Italie, France, Luxembourg et Suisse),
  • 13 organisations sous-régionales africaines,
  • 4 organisations onusiennes,
  • 3 ONG.

L’OSS intervient dans la zone saharienne et alentours en traitant de façon transversale les problèmes environnementaux (eau, terres, climat). Il peut s’agir de travaux de recherche scientifiques et techniques sur la gestion durable des ressources naturelles, de partage de connaissances, d’actions de communication ou encore de la définition et du suivi-évaluation de projets sur la lutte contre la sécheresse, la désertification et la gestion des ressources. La France en assure la vice-présidence et lui apporte un soutien technique et financier. L’OSS est accrédité au Fonds vert pour le Climat depuis octobre 2017.

Que fait la France dans ce cadre ?

Les sols jouent un rôle crucial pour la sécurité alimentaire mondiale, l’adaptation des populations au dérèglement climatique, la préservation de la biodiversité et la séquestration de carbone.

A ce titre, la France a lancé, le 1er décembre 2015, lors de la 21ème Conférence des Parties de la Convention cadre des nations Unies sur les changements climatiques (COP21), l’initiative « 4 pour 1000 : les sols pour la sécurité alimentaire et le climat ».

L’initiative « 4 pour 1000 » a été reconnue comme solution agricole innovante pour contribuer à la réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre et à l’adaptation, avant 2020 et sur le long terme, dans le cadre du Plan d’action Lima Paris (LPAA). Elle vise à montrer que les sols agricoles, jouent un rôle crucial pour la sécurité alimentaire et la lutte contre le changement climatique. Le "4 pour 1000" se réfère au taux de croissance annuel de 0,4% (ou 4‰) des stocks de carbone du sol, dans les premiers 30 à 40 cm de sol rendu possible par la mise en œuvre de pratiques agroécologiques.

L’agro-écologie, pilier central de l’engagement la France

L’agroécologie constitue un pilier central de l’engagement la France auprès des États africains notamment Sahéliens. La France a ainsi mobilisé 235 M€ (2013-2018) sur l’agroécologie via l’Agence française de développement (AFD) et soutient la recherche africaine sur ces sujets notamment à travers les projets partenariaux menés par le CIRAD et l’IRD. La France a initié fin 2017 une Initiative verte pour le Sahel, pour développer les pratiques agroécologiques dans la région à travers la diffusion d’un plaidoyer auprès des acteurs africains et internationaux de l’agriculture, de la sécurité alimentaire et de l’environnement, en se coordonnant aux divers agendas internationaux (COPs des Conventions de Rio, Alliance Sahel, G5 Sahel, G7, G20, et Sommets internationaux).

Lors du Sommet Union africaine-Union européenne de février 2022, la France, en cours de Présidence du Conseil de l’Union européenne a annoncé le lancement, aux côtés de ses partenaires européens et africains, de l’initiative protéines végétales dans les pays d’Afrique. Cette initiative vise à favoriser le développement de filières dans le domaine de la culture de protéines végétales pour la consommation humaine et l’alimentation animale. L’objectif recherché est d’améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique, en préservant les ressources naturelles et en soutenant le développement économique et humain.

Soutien financier aux pays en développement

Fortement impliquée dans la mise en œuvre de la Convention dans les pays en développement, les engagements financiers bilatéraux français en matière de lutte contre la désertification et la dégradation des terres s’élevaient en 2019 à 266 M€.

Ces engagements se traduisent principalement par le financement par l’Agence française de développement (AFD) et le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) de projets dans les domaines suivants : soutien au développement local, gestion concertée et intégrée des ressources naturelles, agroécologie et agroforesterie, appui à la mobilité de l’élevage pastoral et à l’intensification durable des systèmes d’agriculture, protection et restauration des écosystèmes, etc.

Des priorités définies par un document cadre

La France s’est dotée en 2007 d’un document d’orientations stratégiques, fixant ses priorités en matière de lutte contre la désertification/dégradation des terres, dans le cadre de sa politique d’appui au développement et à l’environnement. Une actualisation de ce document a été publiée en 2020 afin de mettre l’accent sur la mobilisation nécessaire de l’ensemble des acteurs, la mutualisation des connaissances et la mise en œuvre de projets plus performants et inclusifs.

Des partenaires scientifiques privilégiés

Le Comité scientifique français de la désertification (CSFD) et le Groupe de travail désertification (GTD) sont des partenaires privilégiés des institutions publiques pour la mise en œuvre de cette stratégie. Le CSFD est engagé dans la mobilisation des scientifiques et des experts français et francophones dans tous les débats internationaux pour faire émerger les thématiques de lutte contre la désertification et favoriser la diffusion des connaissances. Le GTD, animé par le Centre d’actions et des réalisations internationales (CARI), contribue notamment à la sensibilisation de l’opinion publique française, des organisations de solidarité internationale et des collectivités locales, aux enjeux de la lutte contre la désertification.

[(Documents et sites de référence

Mise à jour : mai 2022