Un saumon heureux est un saumon qui nage plus

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Suède

Actualité
Suède
3 janvier 2017

La migration animale est un phénomène très étudié que ce soit sur terre, dans l’eau ou dans les airs. Le saumon atlantique (Salmo salar) est l’un des modèles les plus connus du fait de son importance socio-économique. Une équipe de recherche de l’université d’Umeå s’est intéressée au désir de migration chez les jeunes saumons et a mis en lumière un effet stimulant des anxiolytiques présents dans l’eau. Cette étude est parue dans le journal Nature Communications le 6 décembre 2016.

Depuis mai 2013, l’équipe de recherche de G. Hellström, de l’université d’Umeå, travaille sur l’influence des médicaments anxiolytiques sur la migration chez le saumon atlantique (Salmo salar). Ces chercheurs se sont focalisés sur les saumons juvéniles (au stade smolt) qui descendent les rivières pour arriver à l’océan ou la mer, et non aux adultes qui, eux, les remontent pour pondre.

Cette étude répond au besoin d’étudier l’impact que peuvent avoir les polluants sur le cycle de vie des saumons. Suite à des observations en milieu naturel et à des expérimentations en laboratoire les chercheurs ont noté que la présence d’anxiolytiques dans l’eau favorise la migration des jeunes saumons.

La migration en direction de la mer, conduisant à des environnements potentiellement dangereux, est un saut vers l’inconnu pour les smolts, ce qui a donné l’idée à ces chercheurs de travailler sur l’anxiété chez les poissons.

Pour cela, des jeunes saumons, provenant d’une ferme piscicole, ont été mis en contact avec une concentration diluée d’anxiolytique (agoniste des récepteurs GABAA), identiques à ceux prescrit en pharmacie. Ces saumons ont ensuite été déposés dans des piscines reproduisant un courant semblable à celui d’une rivière et leurs données de migration y ont été étudiées (distance parcourue, temps et créneaux horaires de nage).

Dans un second temps, une manipulation semblable a été faite dans un petit cours d’eau naturel, terminant sa course dans le fleuve Umeälven. Des jeunes smolts ont été pêchés puis traités aux anxiolytiques, avant d’être relâchés dans leur milieu et comparés aux autres saumons, non traités.

Les résultats sont les mêmes dans les deux cas : les saumons mis en présence d’anxiolytiques migrent presque deux fois plus rapidement et plus loin que les animaux contrôles.

Cette étude montre que la présence d’agonistes des récepteurs GABAA dans l’eau augmente les prises de risques par les jeunes saumons, ce qui intensifie les migrations vers la mer. Les différents cours d’eau suédois étant régulièrement inspectés, la présence de concentration forte en anxiolytiques (supérieures à celles utilisées dans l’étude) est avérée et pourrait déjà poser des problèmes.

Ces résultats ont donc une double portée. Ils pourront servir dans la stratégie d’élevage des fermes piscicoles qui pourraient ainsi augmenter leur rendement migratoire par ce biais. Cependant, d’un point de vue écotoxicologique, il apparait également important de préserver les cours d’eau car de tels médicaments pourraient pousser des saumons juvéniles à migrer avant d’être prêts, c’est-à-dire causer une perte d’efficacité des vagues migratoires qui entrainerait un risque pour le renouvellement de l’espèce de manière naturelle.

Plus d’informations : http://www.nature.com/articles/ncomms13460

Source : revue de presse de l’université d’Umeå http://www.umu.se/ViewPage.action?siteNodeId=4510&languageId=1&contentId=276979

Rédacteur : Clément Brousse, clement.brousse[at]diplomatie.gouv.fr