Fuite des jeunes cerveaux Slovaques : influence de la mauvaise réputation des universités du pays

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Actualité
Slovaquie | Politiques de recherche, technologiques et universitaires
29 juillet 2015

Les étudiants slovaques partent de plus en plus étudier dans des universités étrangères : ils étaient 3 400 en 1998 et plus de 36.000 en 2012. Selon une étude de l’OCDE publiée en 2014 [1], 15% des étudiants slovaques partent étudier à l’étranger. La Slovaquie est ainsi le troisième pays affichant le pourcentage d’étudiants à l’étranger le plus important après le Luxembourg et l’Islande. En avril 2015, des chercheurs de l’Académie Slovaque des Sciences ont publié une étude intitulée Fuite des cerveaux 2014 [2] afin de cartographier la situation de ces diplômés et d’en analyser les causes. L’une des hypothèses majeures est la mauvaise réputation des universités slovaques, très mal placées dans le dernier classement mondial URAP [3].

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Groupe d’étudiants internationaux | Crédits : MonkeyBusiness

• Classement des universités

« Les universités tchèques sont plus attractives pour nos étudiants que les universités slovaques » a déclaré Peter Plavcan, chef du département universitaire au Ministère de l’Education Slovaque. 65% des étudiants qui partent à l’étranger choisissent la République Tchèque, en particulier après la signature en 2000 d’un accord permettant aux slovaques d’étudier gratuitement dans les universités tchèques. Outre des raisons pécuniaires, de proximité et de facilité linguistique, la qualité de l’enseignement et la meilleure réputation des universités tchèques incitent les étudiants slovaques à se tourner vers leur voisin. Les autres destinations populaires sont le Royaume-Uni, choisi par près de 3 000 slovaques en 2012, l’Autriche, l’Allemagne, la Hongrie ou encore les Etats-Unis.

L’URAP (University Ranking by Acedemic Performance) 2014-2015 [3] classe les 2000 meilleures universités dans le monde. La première université slovaque, l’Université Comenius de Bratislava, se situe à la 474ème place de ce classement. Quant à la deuxième, l’Université Technique Slovaque de Bratislava, elle se trouve la 1004ème position. Ce classement se base sur divers indicateurs. Tant la qualité que la quantité de publications sont utilisées comme indicateurs, ainsi que la performance de la collaboration internationale dont elles sont les fruits. Même si ce classement ne prend pas en compte la qualité de l’enseignement à proprement parlé, il influence grandement le choix des futurs étudiants (et de leurs parents) qui préfèrent se tourner vers des universités étrangères plus réputées.

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Batiment principal de l’Université Comenius de Bratislava | Crédits : Bratislava1974

• Contenu du l’étude

L’étude Fuite des cerveaux 2014 [2] est la première parution du projet de recherche de l’Académie Slovaque des Sciences conjoint entre l’Institut de sociologie et la Faculté des Sciences Economiques et Sociales. Ces travaux de recherche ont consisté à interroger 200 parents d’élèves quant aux circonstances qui ont poussé leur(s) enfant(s) à s’expatrier, à leur réussite, à leur situation familiale ou encore à leurs antécédents familiaux. Bien qu’il ne s’agisse que d’un petit échantillon, ces résultats donnent un aperçu représentatif du problème et serviront de base aux sociologues afin d’affiner leur axe de recherche pour de futurs travaux.

Selon les parents, seuls 16% des étudiants souhaitent revenir en Slovaquie une fois leurs études achevées, plus de 50% d’entre eux ne le souhaitent pas. L’étude souligne que 40% des diplômés restent finalement dans leur pays d’étude à la fin de leur cursus. Cependant, la moitié d’entre eux est de retour en Slovaquie après avoir travaillé au moins deux ans là-bas. Selon les personnes interrogées, les étudiants attribuent leur désir de rester dans le pays d’accueil à leur intégration sociale dans le pays (amis, partenaire) mais se réfèrent aussi à de meilleures conditions de vie et de travail, notamment vis à vis des perspectives d’évolution de carrière et de salaire.

Ces travaux de recherche mentionnent également l’éducation des parents comme facteur déterminant de l’exil des étudiants. Les enfants dont les parents détiennent un diplôme universitaire ont tendance à partir étudier à l’étranger. Il en est de même si les parents ont fréquenté une école bilingue au cours de leur jeunesse.

Malgré le départ de leur progéniture, une grande majorité des parents interrogés considèrent les études supérieures à l’étranger comme une expérience très positive et le recommandent vivement aux autres parents. Pour la plupart, il s’agit d’une opportunité réelle d’ascension sociale.

Sources :

Pour en savoir plus, contacts :

Rédacteur(s) :

Marie-Flore Michel - Chargée de mission scientifique et COP 21 - marie-flore.michel chez diplomatie.gouv.fr