Commentaires sur l’« Autumn Statement » du Chancelier de l’Echiquier

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Royaume-Uni | Politiques de recherche, technologiques et universitaires
6 décembre 2016

Selon la loi britannique, le gouvernement est tenu de rendre public ses prévisions économiques, incluant des mesures budgétaires, deux fois l’an. L’Autumn Statement, Annoncé au Parlement le 23 novembre, a été plutôt bien reçu par les communautés scientifiques et industrielles. Retour sur les annonces et les commentaires.

Selon la loi britannique, le gouvernement est tenu de rendre public, deux fois l’an, ses prévisions économiques, incluant des mesures budgétaires. L’« Autumn Statement », qui est annoncé à la Chambre des Communes, correspond à l’une de ces deux annonces, l’autre étant la présentation du budget habituellement au printemps et effectuée devant la résidence du Premier Ministre au « 10, Downing Street ».
Le Chancelier de l’Échiquier, Phillip Hammond, n’a donc pas failli à la règle et a décliné, devant les parlementaires le 23 novembre, les décisions budgétaires pour la période de ce Parlement, soit jusque 2010-21.

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Philip Hammond, Chancelier de l’Echiquier
Crédit : Open Government Licence v3.0

1. Les annonces dans les secteurs de la R&D et de l’Innovation

Dans les secteurs qui nous concernent - science, recherche, innovation, technologie et industrie innovante - les investissements annoncés visent, d’une part, à accroître la productivité sur le territoire, et, d’autre part, à créer un environnement « sans surprise » dans lequel les entreprises peuvent aller de l’avant sans inquiétude. Dans cette optique, le gouvernement de Theresa May a ainsi indiqué qu’à partir de 2017, le budget serait présenté à l’automne, quelques mois avant la fin de l’année fiscale, qui court d’avril à mars de l’année suivante, et non en mars comme c’est traditionnellement le cas. L’Autumn Statement deviendra quant à lui le « Spring Statement ».

Le Chancelier a annoncé le lancement d’un National Productivity Investment Fund (NPIF) , à hauteur de 23£Mds de fonds neufs sur la période 2017-18 à 2021-22. Un des deux volets sera notamment dédié aux infrastructures de transport, l’autre plus particulièrement fléché vers les dépenses en science et innovation. Ces fonds seront alloués selon les deux systèmes distincts ci-dessous :

  • Industrial Strategy Challenge Fund visant à soutenir les collaborations entre entreprises et institutions de recherche publiques, pour répondre à des défis préalablement identifiés. Ce fonds sera géré par Innovate UK, l’agence de l’innovation britannique, et les conseils de recherche ;
  • Innovation, Applied Science and Research visant accroître la capacité de recherche et d’innovation dans le secteur privé, selon des critères d’excellence et au plan national. Ils seront distribués par UKRI, organisme en cours de création qui rassemblera Innovate UK et les conseils de recherche.

Le NPIF se déclinera par ailleurs de la manière suivante :

  • 2Mds£ annuels pour la R&D (publique et privée) jusque 2020-21, pointant vers une augmentation de 20% du budget R&D au cours de la période ; priorité sera donnée aux domaines technologiques touchant à la robotique, l’intelligence artificielle et les biotechnologies industrielles ;
  • 390M£ dédiés aux technologies des transports d’avenir, incluant les voitures autonomes, les carburants issus de sources renouvelables et le transport d’énergie efficace. Un volet sera également dédié aux infrastructures de transport, avec notamment 27M£ pour le développement d’une voie express reliant Oxford et Cambridge ;
  • une promesse d’investissement pour le développement du réseau 5G à hauteur de 700M£, plus 1Md£ pour aider le secteur privé à assurer la couverture Internet à haut débit sur l’ensemble du territoire ;
  • la British Business Bank investira 400M£ supplémentaires de capitaux risques pour lever 1Md£ de fonds privés ;
  • le Biomedical catalyst, financement sur appels à projets, a été reconduit à hauteur de 100M£, plus 100M£ dédiés au transfert de technologies ;
  • une promesse de révision de l’environnement de taxation pour la R&D visant à créer un système fortement pro-innovation et compétitif ;
  • enfin, le Ministère des finances a commandé une étude visant à identifier les obstacles à l’accès à long terme aux finances pour les entreprises en croissance. Cette étude sera menée par Sir Damon Buffini, homme d’affaires britannique influent.

Gladstone’s red box
Source : The National Archives, No restrictions

2. Réactions des communautés scientifiques et industrielles

De manière générale, les acteurs publics, privés et ceux dans le secteur à but non lucratif (Charities, fondations…) de la R&D britannique ont accueilli ces annonces de manière très positive, et attendent maintenant qu’elles se traduisent en actions concrètes.

En particulier, ils se réjouissent d’un accroissement des financements sur le long terme, devant permettre la création d’un environnement économique rassurant pour les entreprises, d’une part, et d’éviter le manque à gagner des fonds européens après la sortie du RU de l’UE. Les acteurs dans les domaines de la robotique et des technologies émergentes (intelligence artificielle, biotechnologies) se félicitent que leurs thématiques aient été spécifiquement identifiées et soient ainsi prioritaires.

Selon leur spécialisation et secteurs d’activités, ces acteurs se félicitent de l’importance donnée par le gouvernement à la R&D, à l’innovation et au secteur du génie industriel, illustrant le rôle clé que ces secteurs jouent dans la stimulation de la croissance économique.

Universities UK, (UUK), l’organisme représentant l’ensemble des universités du territoire britannique, s’interroge toutefois sur la manière avec laquelle ces nouveaux mécanismes de financements seront mis en œuvre. En particulier, UUK note qu’aucun des mécanismes actuellement en place n’a été mentionné, et qu’il existe un risque de voir les fonds promis consacrés davantage vers le capital - au détriment des fonds pour la recherche.

Les informations fournies ci-dessus proviennent des commentaires, blogs, et réponses de tous les acteurs britanniques impliqués en R&D : financeurs (RCUK, Innovate UK, Cancer Research UK), opérateurs (Universités et groupes d’universités tels que le Russell Group), organisations patronales représentant les industries britanniques (CBI, Confederation of British Industries ; ABPI, Association of British Pharmaceutical Industry ; BioIndustry Association, représentant le secteur des biotechnologies), académies (Royal Society, Royal Academy of Engineering, British Academy, Academy of Medical Sciences), et sociétés savantes (Institute of Physics, Royal Society of Chemistry…).

Sources :

Rédacteur : Dr Claire Mouchot, claire.mouchot[at]ambascience.co.uk