Vers un traitement des lésions neuronales ?

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Portugal | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie | Médecine individualisée
16 mars 2017

L’un des grands défis des scientifiques d’aujourd’hui est de trouver comment réactiver la croissance des cellules nerveuses, dont le développement cesse après le stade embryonnaire de l’être humain. Des chercheurs portugais ont notamment pu constater que le gène responsable de la dyslexie interférait avec la croissance des neurones.

Trouver des moyens de relancer le développement des cellules nerveuses représente un enjeu capital en médecine : celui de pouvoir lutter contre certaines maladies neurologiques, telles les lésions médullaires (lésion affectant le système nerveux central et pouvant entraîner une paralysie partielle ou totale du corps) par exemple.

Un groupe de chercheurs portugais s’est penché sur un gène en particulier, qui avait déjà été associé à la dyslexie. Ils ont ainsi pu observer que lorsque celui-ci n’était pas actif, la croissance des cellules nerveuses reprenait.

Les cellules nerveuses forment à elles toutes seules un réseau électrique qui permet au cerveau de communiquer les diverses informations aux différentes zones du corps. Mais parfois, tout ne fonctionne pas parfaitement, notamment dans les cas de dyslexie. L’observation de cas de dyslexie ont conduit au constat selon lequel les personnes concernées avaient de faibles niveaux de protéine KIAA0319 sans toutefois pourvoir dire quelle fonction exacte celle-ci remplissait.

Le gène du même nom (KIAA0319) est responsable de la production de cette protéine. Ce qui a été démontré, c’est que ce gène contrôle, non pas la migration des neurones, mais leur croissance, notamment au niveau de l’axone, comme le souligne Monica Sousa, chercheuse à l’Institut de Recherche et d’Innovation en Santé (I3S) de l’université de Porto.

Deux groupes de souris exprimant ou non le gène KIAA0319 après manipulation génétique in vitro et présentant des lésions nerveuses provoquées in vivo ont ainsi été observés. Celui présentant une surexpression du gène n’a pas montré sa capacité de régénération des tissus nerveux, en revanche celui n’exprimant pas le gène a mis en évidence une croissance des tissus nerveux endommagés.

En résumé : la surexpression du gène KIAA réduit la croissance des axones, tandis que l’absence du gène stimule la croissance des axones et des dendrites (prolongement du corps cellulaire des neurones à l’aspect arborescent), rendant ainsi possible la connexion entre cellules nerveuses et partant l’établissement du réseau neuronal.

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Image de cellule nerveuse avec son arborescence d’axones et dentrites.
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En conclusion, il peut être établi que si le faible niveau de cette protéine entraîne une croissance des axones et donc une régénération potentielle des tissus nerveux, il favorise également la dyslexie dans les cas de développements embryonnaires. La chercheuse Monica Sousa admet que cela puisse paraître contradictoire. Mais elle précise que lors de la croissance fœtale, le développement du cerveau doit être parfaitement synchronisé et précis. Ainsi, les neurones doivent croître au bon rythme et se fixer aux bons endroits.

Pour la suite, Monica Sousa et son équipe prévoient de conduire des essais cliniques sur des animaux adultes afin de voir, dans l’hypothèse où l’on voudrait faire régénérer les tissus notamment en cas de lésion médullaire, si des inhibiteurs pharmaceutiques du gène favorisent la croissance des neurones.

Sources :

Rédacteur : Amaury HOCQUET, Chargé de coopération scientifique à l’Institut Français du Portugal amaury.hocquet[at]ifp-lisboa.com