Les bactéries intestinales, vecteurs d’amélioration de l’efficacité des traitements du cancer colorectal

Partager
Portugal

Actualité
Portugal | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie | Médecine individualisée
26 mai 2017

Une étude de scientifiques portugais, publiées dans la revue Cell révèle comment les bactéries intestinales peuvent altérer les caractéristiques chimiques de certains médicaments utilisés contre le cancer colorectal, entrainant un traitement plus efficace.

Alors que la plupart des bactéries intestinales nous porte préjudice, il existe à l’inverse certaines bactéries qui ne nous font aucun mal. L’équipe de scientifiques du Collège de Londres, menée par des chercheurs portugais, a publié un article dans la revue Cell mettant en évidence comment les bactéries de nos intestins peuvent interagir avec un médicament utilisé dans le traitement du cancer colorectal, en améliorant notamment son efficacité.

De nombreux scientifiques suspectaient que la réponse à de nombreux problèmes de santé soient issus du microbiome intestinal (autrement dit, l’ensemble de bactéries présentes dans nos intestins). Ainsi, de nombreuses interactions ont pu être, pas à pas, mises en évidence, entre l’organisme humain et ce microbiome. C’est de cette manière que les scientifiques portugais ont pu déceler une interaction entre le microbiome intestinal et les médicaments utilisés pour combattre le cancer colorectal, en mettant en lumière le mécanisme qui explique l’influence positive des bactéries.

Dans cette étude, les chercheurs ont utilisé un ver, cobaye très répandu, le nématode C. elegans, afin de servir de modèle animal, ainsi qu’une bactérie commensale, la bactérie E. Coli, pouvant notamment être trouvée dans les intestins de ce ver.

Ils ont ainsi analysé 55000 scénarios du comportement du ver en manipulant les gènes des bactéries et en altérant les doses et le type de médicament. Enfin, ils ont fait appel à l’informatique afin de mapper en détail les différents profils génétiques des bactéries, le régime et les composants chimiques qui ont affecté l’efficacité du médicament.

Illust: Bactéries Escherichia, 137.7 ko, 823x531
Bactéries Escherichia coli, © Janice Haney Carr, CDC, DP Source : futura-sciences.com

C’est de cette manière qu’ils ont réussi à identifier les gènes de la bactérie qui régulent l’action du médicament (fluorouracile) chez l’hôte, et découvrir que les vitamines B6 et B9 (acide folique) sont essentiels dans l’efficacité du traitement induit par les bactéries dans le cas de ce médicament, comme l’explique Leonor Quintaneiro, principale auteure de l’article publié.

Cette découverte renforce l’idée que la manipulation du microbiome, en combinaison avec un régime spécifique, peut influencer sur le traitement du cancer, et les traitements oncologiques de manière générale, qu’il reste encore à étudier.

Source :

Rédacteur : Amaury HOCQUET, Chargé de coopération scientifique à l’Institut Français du Portugal amaury.hocquet[at]ifp-lisboa.com – IFP