Suivi de la méthylation, une piste de diagnostic des cancers gastriques métachrones

Partager
Japon

Brève
Japon | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie | Médecine individualisée
5 janvier 2017

Le suivi par endoscopie de patients japonais ayant tous en commun un antécédent de cancer gastrique, a permis de mettre en évidence un marqueur biologique qui pourrait être un outil efficace pour le diagnostic de cancer gastrique secondaire. Cette étude, coordonnée par le National Cancer Center de Tokyo, a été réalisée au cours des 5 dernières années en impliquant 795 patients.

Le National Cancer Center (NCC) Research Institute vient de révéler des résultats concernant le lien entre l’hyperméthylation de l’ADN et le développement de cancer gastrique métachrone, obtenus grâce à une étude multicentrique menée pendant cinq ans en partenariat avec les universités de Tokyo, de Kyoto et de Wakayama.

795 patients, ayant un antécédent de cancer de l’estomac ont contribué à l’étude et ont reçu un suivi annuel par endoscopie, sur une période de 5 ans. 133 ont développé un cancer gastrique métachrone (cancer diagnostiqué postérieurement au cancer primaire) dont 116 cas lors de la première année de suivi.

Afin d’évaluer le risque de développer un cancer gastrique métachrone, les chercheurs du NCC ont réparti les patients en 4 groupes selon le degré de méthylation des gènes : mir-124a-3, EMW1 et NKX6-1. Leurs résultats ont montré que pour les patients dont ces trois gènes étaient les plus méthylés, l’incidence d’apparition d’un cancer gastrique métachrone était la plus élevée.

La méthylation de l’ADN est l’ajout d’un groupement méthyle principalement au niveau des zones riches en cytosines et guanines, appelés îlots CpG, qui se trouvent à proximité des régions promotrices des gènes, c’est-à-dire là où commence la transcription de l’ADN. Il s’agit d’une modification de l’ADN qui peut être transmise au cours des divisions du cycle cellulaire mais qui a aussi la particularité d’être réversible. Méthylé, un gène n’est pas accessible pour sa transcription. Ainsi, une méthylation aberrante de l’ADN peut déclencher l’apparition de cancers si elle affecte un gène suppresseur de tumeurs ou si elle touche un proto-oncogène alors hypo-méthylé.

Les résultats obtenus par les chercheurs du NCC soulignent ainsi l’utilité de disposer de marqueurs épigénétiques afin de pouvoir mesurer le risque de survenue de cancer gastrique métachrone.

L’épigénétique est un domaine d’étude relativement récent mais il est désormais reconnu par exemple que l’hypométhylation générale du génome augmente avec le vieillissement. Le suivi des modifications épigénétiques est donc un outil à prendre en compte pour le diagnostic de nombreuses maladies, en addition des modifications génétiques habituellement étudiées.

Source : Masahiro Maeda, et al. High impact of methylation accumulation on metachronous gastric cancer : 5-year follow-up of a multiple prospective cohort study. Gut. 2016.

Rédaction : Thibaut Dutruel, ch.mission.sdv chez ambafrance-jp.fr