L’épigénétique, un rôle clef dans le devenir des précurseurs des cellules immunitaires

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Japon

Brève
Japon | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
28 avril 2017

Pour se défendre face aux pathogènes qui menacent à chaque instant l’organisme, notre système immunitaire produit deux grands types de leucocytes (globules blancs) : les lymphocytes T, qui vont reconnaître le tissu cellulaire infecté, et les lymphocytes B, qui vont enclencher la production d’anticorps. Jusqu’à présent, les facteurs de transcription ont été reconnus pour jouer un rôle de première importance dans le devenir des précurseurs de lymphocytes.

Récemment, une équipe de chercheurs dirigée par le Prof. Tomokatsu Ikawa du RIKEN Center for Integrative Medical Sciences a démontré que les mécanismes épigénétiques pouvaient également être déterminants dans la spécialisation des leucocytes en lymphocytes B ou T.

Ils ont d’abord généré des souris dépourvues de deux protéines particulières, RING1A et RING1B, deux protéines responsables de l’ubiquitinylation1 de l’histone2 H2A. Les chercheurs du RIKEN ont alors observé un arrêt prématuré du développement des précurseurs des lymphocytes T, ils ont ensuite transféré ces cellules dans d’autres souris immuno-déficientes et ont mis en évidence une conversion de ces précurseurs de cellules T en lymphocytes B parfaitement fonctionnels.

Pour aller plus loin dans la compréhension du rôle de ces composants épigénétiques, les chercheurs ont inactivé le gène PAX5 codant un facteur de transcription et connu pour être le gardien de l’identité des lymphocytes B3. L’absence simultanée de PAX5 et des protéines RING1A/B conduit au rétablissement du processus de différenciation des lymphocytes T, un résultat qui permet de comprendre que PAX5 est une cible importante des protéines RING1A/B.

Ces résultats, en plus de montrer de manière inédite que l’inactivation de certains composants de la machinerie épigénétique conduit à un changement dans le devenir des lymphocytes, ouvrent de nouvelles pistes de recherche en cancérologie, la synthèse des protéines RING1A/B étant souvent dérégulée dans plusieurs cancers dont les leucémies.

1 L’ubiquitinylation est un processus de modification post-traductionnelle, il consiste à l’ajout d’ubiquitine sur une protéine cible après sa synthèse. Cet étiquetage est un moyen de régulation des composants cellulaires puisqu’il conduit à la dégradation de cette protéine.

2 Les histones sont des protéines étroitement associées à l’ADN, conduisant à sa compaction et le rendant inaccessible à la machinerie de transcription, c’est-à-dire inhibant l’expression des gènes.

3 Barneda-Zahonero B, et al. Epigenetic Regulation of B Lymphocyte Differentiation, Transdifferentiation, and Reprogramming. Comparative and Functional Genomics. 2012.

Source principale :
Ikawa T, et al. Conversion of T cells to B cells by inactivation of polycomb-mediated epigenetic suppression of the B-lineage program. Genes Dev. 2016, 30 : 2475-2485.

Rédaction : Thibaut Dutruel, ch.mission.sdv chez ambafrance-jp.org