Dissection sous-muqueuse endoscopique, une technique de référence développée au Japon

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Japon | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
28 novembre 2016

Le Japon possède l’un des taux de cancer de l’estomac les plus élevés au monde. Parmi l’estimation de plus d’1 million de nouveaux cas de cancers en 2016 faite par le National Cancer Center, 133 900 seraient des cancers de l’estomac. Il s’agit de la deuxième incidence la plus élevé après le cancer colorectal pour l’année 2016 au Japon, femmes et hommes confondus. Face à ce problème de santé publique, une politique en faveur du dépistage précoce associée à une technique de dissection par endoscopie ont été développées pour lutter contre la progression de la maladie.

Si le Japon fait partie des pays possédant l’un des taux les plus élevés de cancers de l’estomac nouvellement diagnostiqués par an, à l’inverse le taux de mortalité pour ce type de cancer est plus bas au Japon qu’en Europe et qu’aux Etats-Unis. Le taux de survie à cinq ans varie en effet entre 50 et 70 % au Japon alors qu’il n’oscille qu’entre 10 et 30 % en occident.

Lorsqu’une tumeur digestive superficielle est diagnostiquée assez tôt, avant qu’elle n’évolue vers un cancer, les bénéfices du traitement administré ont été largement démontrés. En effet, pour un cancer de l’estomac au premier stade de développement (IA), le taux de survie à 5 ans est de 71% contre 4% pour le stade terminal (IV).

Par ailleurs, le Japon est depuis les années 2000 considéré comme une référence pour la résection en bloc des tumeurs digestives superficielles par la technique de dissection sous-muqueuse endoscopique.

Plusieurs docteurs étrangers en visite au NCC, lieu de référence pour la dissection sous-muqueuse endoscopique.

Plusieurs docteurs étrangers en visite au NCC, lieu de référence pour la dissection sous-muqueuse endoscopique. Crédits : National cancer Center, Tokyo.

Cette technique a pour avantage de détacher la tumeur des fibres sous-muqueuses en un seul fragment, sans laisser de résidu, conduisant ainsi à un taux de récidive très faible tout en permettant une analyse totale par les médecins anatomo-pathologistes et une orientation vers un traitement supplémentaire si l’endoscopie est insuffisante. Par ailleurs, le couteau de résection utilisé, l’insulation-type knife, développé également par une entreprise japonaise, permet de réduire les risques de perforation, plus fréquents avec les couteaux de type hook-knife.

En Europe, cette technique n’est pas encore aussi répandue, notamment car les cas de cancers de l’estomac sont moins fréquents. Mais une application aux lésions colorectales, nombreuses en occident, pourrait permettre de ralentir la propagation de ce type de cancers en association à un dépistage précoce.

Cependant, la technique nécessite une grande dextérité, avec un apprentissage à long terme, d’abord sur des organes d’animaux avant une première mise en pratique sur des cas simples de tumeurs humaines. Selon les experts japonais, une 50aine d’opérations gastriques sont nécessaires avant de maîtriser véritablement la technique.

Source :
European cancer mortality predictions for the year 2016
Center for Cancer Control and Information Services, National Cancer Center

Rédaction : Thibaut Dutruel, ch.mission.sdv chez ambafrance-jp.org