Un nouveau mécanisme d’auto-destruction des cellules cancéreuses

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Israël

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Israël | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
10 mai 2017

Au sein de la faculté de médecine de l’Université de Tel Aviv, le Prof. Malka Cohen-Armon et ses collaborateurs, le prof. Tamar Peretz de l’institut d’oncologie du centre Hadassah à Ein Kerem, le Prof. Shai Izraeli et le Dr. Talia Golan du Centre de recherche sur le cancer de l’Hôpital Sheba, ont découvert une nouvelle méthode pour induire la mort cellulaire seulement des cellules cancéreuses agressives.

Pour cela, ils exploitent un programme interne induisant un mécanisme naturel de « suicide cellulaire ». Ce traitement pourrait être une solution adaptée aux cellules cancéreuses résistantes aux traitements actuellement utilisés.

L’histoire commence en 2009 lorsque le Prof. Malka découvre que des molécules dérivées du phénanthrène, un hydrocarbure, tuent efficacement des cellules cancéreuses issues du cancer du sein et jusque là résistantes aux traitements traditionnels. Ces nouvelles molécules agissent spécifiquement au niveau des cellules cancéreuses sans affecter les cellules saines. De plus, il a été observé que l’effet se déroule lors de la mitose, c’est-à-dire lorsque la cellule se divise. Or les cellules cancéreuses ont un taux de division cellulaire supérieur aux cellules normales. L’action de ces molécules au cours de la mitose est donc un atout essentiel dans l’éradication des cellules cancéreuses.

Lors de la division cellulaire, les chromosomes identiques de la cellule mère doivent s’aligner de manière précise afin d’être repartis de part et d’autre de la cellule qui se divisera en deux. Cet alignement est contrôlé par des protéines spécifiques. C’est au niveau des ces protéines que les molécules dérivées du phénanthrène agissent. La déstabilisation de ces protéines conduit à une mauvaise formation du complexe chromosomique amenant à une dispersion des chromosomes. La cellule, face à cette situation, va préférer se tuer plutôt que se diviser et courir le risque de produire des anomalies chromosomiques. De plus, la présence de centrosomes (centres organisateurs de la cellule essentiels à sa division) supplémentaires dans les cellules cancéreuses serait à l’origine de l’effet spécifique observé.

C’est suivant ce schéma que les cellules cancéreuses meurent après un traitement à base de ces nouvelles molécules. Après avoir testé ce nouveau traitement sur des cellules en culture, l’équipe étudie désormais cet effet in vivo sur des souris. Et les résultats sont prometteurs avec une suppression de la croissance tumorale et une diminution de la taille des tumeurs laissant penser à la mort des cellules qui les composent.

Sources :
1) A phenanthrene derived PARP inhibitor is an extra-centrosomes de-clustering agent exclusively eradicating human cancer cells. Castiel, Visochek L, Mittelman L, Dantzer F, Izraeli S, Cohen-Armon M. BMC Cancer. 2011 Sep 26. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3204305/

2) Exclusive destruction of mitotic spindles in human cancer cells. Visochek, Castiel, Mittelman, Elki, Atias, Golan, Izraeli, Peretz, Cohen-Armon. Oncotarget. 2017 Feb 15.

Rédacteur : Henri-Baptiste Marjault, doctorant à l’Université hébraïque de Jérusalem