Accélération de l’épidémie de grippe aviaire H7N9 en Chine : des chercheurs hongkongais identifient une nouvelle mutation

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Hong Kong

Brève
Hong Kong | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
27 avril 2017

Depuis le début de l’année, les autorités sanitaires chinoises multiplient les mises en garde face à l’accélération de la propagation de la grippe aviaire H7N9 dans le pays. La nouvelle vague épidémique qui a commencé en octobre 2016 touche la moitié du pays, et commence également à se propager hors des frontières de la Chine. Même si l’épidémie reste « contrôlable », sa vitesse de propagation chez les oiseaux est « inhabituelle », et le taux de nouveaux cas chez l’homme est le plus élevé depuis l’apparition de la souche H7N9 en 2013. Des chercheurs de l’Université de Hong Kong ont identifié une mutation qui permet d’expliquer pourquoi le virus circule de façon très efficace chez les volailles, pourquoi il peut franchir plus facilement la barrière inter-espèce et se transmettre à l’homme. Une découverte importante qui peut contribuer à améliorer la surveillance de la transmission entre espèces des virus de la grippe, et qui pourrait potentiellement permettre de développer de nouveaux médicaments anti-viraux.

Les premiers cas confirmés de grippe aviaire H7N9 chez l’homme remontent à 2013, en Chine continentale. Depuis, environ 1400 personnes ont été infectées, dont presque 500 cas mortels. Depuis octobre 2016, on observe une flambée épidémique, une augmentation brusque du nombre de cas. Il s’agit en fait de la cinquième « vague » de l’épidémie de H7N9, et c’est la plus virulente avec 595 cas depuis octobre 2016, et 121 décès au cours des trois premiers mois de 2017. Le virus a été détecté dans 17 provinces et municipalités chinoises. À Hong Kong, 5 cas importés ont été constatés depuis le début de cette vague. Pour le secteur médical, cette épidémie est inhabituelle par son ampleur : le virus circule rapidement entre animaux, et se transmet plus facilement de l’oiseau à l’homme que lors des épidémies précédentes. Dans la majorité des cas, les symptômes sont sévères et 40% des cas détectés se sont avérés mortels.

À l’Université de Hong Kong (HKU), dans le State Key Laboratory of Emerging Infectious Diseases , l’équipe du professeur Chen Honglin a étudié le génome d’échantillons collectés depuis 2013. Les scientifiques ont identifié une mutation précise sur l’ARN viral et montré qu’elle augmente la capacité de la souche à se répliquer au sein des cellules de mammifères. Cette mutation serait apparue à l’origine sur la souche H9N2 en 2000, et se serait depuis diffusé à l’ensemble des virus de grippe aviaire. Normalement, les virus capables d’infecter les cellules humaines ne sont pas à même de se répliquer et de se transmettre parmi des cellules aviaires. La mutation identifiée par les chercheurs de HKU confère au virus une capacité significative à franchir la barrière des espèces (des volailles vers l’homme), sans contre partie pour sa capacité à circuler efficacement chez l’oiseau. Cette mutation facilite également au virus l’acquisition d’autres mutations adaptatives lors du cycle de l’infection virale, rendant la souche H7N9 plus apte à infecter l’homme que les autres souches de grippe aviaire.

Les résultats de leurs recherches ont été publiés dans la revue Nature Communications en mars 2017. Pour le professeur Chen Honglin, l’identification de cette mutation fournit un biomarqueur de choix pour pouvoir détecter l’émergence et la transmission des virus de grippe aviaire. Elle peut aussi devenir une cible thérapeutique pour développer de nouveaux types de médicaments antiviraux. Ces travaux et leurs répercussions dans les communautés scientifiques et médicales placent Hong Kong au premier plan des acteurs impliqués dans la recherche sur l’actuelle crise sanitaire en Chine.

Chen Honglin, State Key Laboratory of Emerging Infectious Diseases, Li Ka Shing Faculty of Medicine, The University of Hong Kong (© HKU)

Sources :

Rédacteur : Gabriel BENET, Chargé de mission scientifique – Hong Kong