Un nouveau test pour détecter des infections à risque

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Canada | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
28 septembre 2015

L’équipe du Pr Kain à l’Université de Toronto développe un test permettant de prévoir la sévérité d’une infection avant qu’elle ne soit complètement déclarée chez le patient. Ils ont identifié les biomarqueurs de la malaria qui sont détectés par le test, et veulent étendre cette technologie à d’autres infections comme le virus Ebola ou la Dengue.

Au Canada, des milliers de personnes ayant contractés une infection se rendent à l’hôpital chaque année, mais seulement un faible pourcentage d’entre eux va devenir gravement malade. Des chercheurs de l’Université de Toronto développent un test sanguin rapide et peu coûteux pour identifier les patients à risque, permettant aux docteurs de sauver des vies avec des traitements ciblés.

Kevin Kain, professeur au Laboratoire de Médecine et Pathobiologie de la Faculté de Médecine est en train de développer ce test pour des patients atteints de malaria en Afrique. Mais il pourrait également s’appliquer à d’autres infections sérieuses et potentiellement fatales telles que Ebola, la dengue et les septicémies. Avec une simple piqûre du doigt, ce test pourrait identifier les marqueurs biologiques qui montrent que les vaisseaux sanguins du patient deviennent poreux ; signe clé qu’un patient devient sérieusement malade et a besoin de soins urgents.

« Quand les gens sont réellement malades, c’est évident, mais quand ils sont dans la zone grise ce n’est pas toujours clair » explique le Pr. Kain. « Nous avons besoin de meilleurs outils rapidement, des tests précis et accessibles à tous qui permettent aux docteurs de prendre des décisions objectives et de concentrer les ressources sur ceux qui sont susceptibles d’en bénéficier le plus. ».

Après avoir travaillé pendant 35 ans dans des pays sous-développés, le Pr. Kain saisit toute la valeur d’un test de 10 minutes coûtant seulement un dollar. « Si je suis un patient du nord de l’Ontario, j’ai besoin de savoir si un hélicoptère doit me transporter jusqu’à l’hôpital. Si je réside dans l’Afrique rurale, j’ai besoin de savoir si je dois faire un voyage de 10 kilomètres pour atteindre la clinique. »

Le Pr. Kain a identifié ces marqueurs biologiques dans différentes études conduites sur des enfants et des adultes en Thaïlande, en Ouganda et au Malawi Les résultats sont très précis avec une sensibilité et une spécificité supérieures à 90%.

Tandis que ces tests fonctionnent dans des pays à faibles ressources, le Pr. Kain pense qu’ils pourraient être facilement exportés au sein du système de santé Nord-Américain.

« Quand les ressources sont limitées, vous devez maximiser l’impact, et cette réflexion a déjà eu lieu dans les pays sous-développés » dit le Pr. Kain. « Nous devons avoir cette même réflexion pour l’Occident – les travailleurs de santé sont submergés et ils ont besoin de preuves évidentes pour prendre des décisions difficiles et coûteuses de manière rapide et précise. »

Non seulement ce test pourrait sauver des vies, mais également de l’argent ; et les économies pourraient être conséquentes. « D’après les analyses économiques, si vous appliquez notre test à cents enfants présentant de la fièvre en Afrique vous pouvez sauver 17 vies et $2500 » explique le Pr Kain. « Si vous prenez le même test et que vous l’appliquez dans le contexte du système de santé Nord-Américain, pour cent enfants avec de la fièvre testés, vous économisez quasiment un demi-million de dollars en évitant des admissions inutiles à l’hôpital et des infections nosocomiales. »

Dans le futur, le Pr. Kain prévoit d’incorporer les marqueurs biologiques dans un test pré-existant rapide pour la malaria ou la dengue. Son équipe conduit aussi des essais cliniques randomisés au Mozambique et en Ouganda avec de nouvelles thérapeutiques qui stabilisent les vaisseaux sanguins poreux. Ces études vont déterminer si ces thérapeutiques peuvent améliorer la survie et éviter des lésions cérébrales chez les survivants.

« C’est une époque fascinante pour la santé mondiale, car les outils innovants développés pour les pays à faibles ressources peuvent être utilisés en Occident et avoir un fort impact. » pense le Pr. Kain. « Ici nous avons des modèles de machine à un million de dollars qui peuvent aider une personne à la fois. Ce serait intéressant de transformer cette approche en un test à un dollar qui aide des millions de personnes en même temps. »

Source

Nouvelles de la Faculté de Médecine de l’Université de Toronto, 02 septembre 2015
http://medicine.utoronto.ca/news/u-t-test-could-mean-difference-between-life-and-death

Rédacteur

Sophie DECAMPS – Chargée de Mission pour la Science et la Technologie à Toronto – sophie.decamps[a]diplomatie.gouv.fr