Nouveau traitement prometteur dans le traitement du virus Ebola

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Canada | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
27 mars 2017

Une étude pilote d’une catégorie de médicaments utilisés pour traiter d’autres maladies se révèle prometteur pour les patients du virus Ebola.

Une étude pilote d’une catégorie de médicaments utilisés pour traiter l’hépatite et certaines formes de sclérose en plaques a démontré un soulagement des symptômes de patients Ebola et l’augmentation de leurs chances de survie.

Les interférons sont une famille de protéines naturelles produites en réponse à des infections virales. Ils ont un large potentiel en tant qu’agents thérapeutiques pour le traitement des infections virales et sont actuellement utilisés pour les infections chroniques de l’hépatite B et C ainsi que pour certaines formes de sclérose en plaques.
Ils inhibent l’infection virale en empêchant l’entrée du virus dans les cellules cibles et en bloquant différents stades du cycle de réplication virale pour différents virus. Parce qu’ils sont déjà utilisés, les chercheurs savent qu’ils présentent un profil d’innocuité favorable.

Étant donné qu’il n’existe pas de vaccin ou de traitement spécifique approuvé pour la maladie du virus Ebola (EVD), il existe une « obligation morale » de recueillir et de partager toutes les données générées, afin de comprendre l’innocuité et l’efficacité de toute intervention et d’évaluer les interventions prometteuses pour mieux guider les futures recherches, indique Eleanor Fish, l’auteur principal de l’étude et professeur d’immunologie à l’université de Toronto.
À ce jour, aucun traitement ou prophylaxie post-exposition n’est disponible pour Ebola. Les essais cliniques concernant plusieurs vaccins se déroulent en différentes phases, avec des résultats prometteurs publiés pour l’homme.

Neuf individus atteints du virus Ebola ont été traités par l’interféron ß-1a et comparés rétrospectivement avec une cohorte appariée de 21 individus infectés recevant des soins de soutien standardisés dans un centre de traitement en Guinée, Afrique, du 26 mars 2015 au 12 juin 2015.
En comparaison avec les patients qui ont reçu un traitement de soutien seulement, 67 % des patients traités par Interferon étaient encore vivants à 21 jours. En revanche, 19% des patients ayant reçu un traitement de soutien avaient survécu à 21 jours.
En outre, le virus a été éliminé plus rapidement chez les patients traités par Interferon. De nombreux symptômes cliniques tels que douleurs abdominales, vomissements, nausées et diarrhées ont également disparu plus tôt chez les patients traités par Interferon.
17 patients additionnels dans d’autres centres de traitement guinéens qui correspondaient aux patients traités par Interferon en fonction de l’âge et de la quantité de virus Ebola dans leur sang ont été inclus dans l’analyse. En l’absence de traitement par l’Interféron, le risque de de décès a été doublé pour ces patients.

« Malgré les limites d’une étude non randomisée, nous concluons à partir de ces données que le traitement par l’interféron ß-1a mérite d’être étudié plus avant pour le traitement de la maladie du virus Ebola », a déclaré Fish, qui est également chercheure principale à l’Institut de recherche de l’Hôpital Général de Toronto, notant que la décision d’entreprendre l’essai clinique était basée sur des données scientifiques préliminaires antérieures et le fait qu’aucun antiviral actuellement approuvé n’existe pour traiter Ebola.

Dans des travaux antérieurs menés par Fish sur des cellules humaines, les chercheurs ont comparé la capacité de huit médicaments différents, dans différentes combinaisons et à différentes doses, à inhiber le virus Ebola. En raison de l’utilisation d’un système mini-génome pour évaluer rapidement les médicaments, le plus puissant inhibiteur de l’Ebola s’est avéré être l’Interféron.

Fish souligne également que l’équipe sur place pour cette étude pilote était composée de 11 personnels de santé guinéens qui ont reçu, pour la première fois, une formation pertinente sur tous les aspects de la conduite d’un essai clinique selon les normes internationales. Cette équipe travaille maintenant avec Fish pour suivre les survivants d’Ebola et les effets du traitement par l’Interferon.

L’épidémie originale de la maladie du virus Ebola qui a débuté en Afrique de l’Ouest en décembre 2013, touchant principalement la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone, est maintenant terminée, mais le risque de cas sporadiques demeure.
Plus de 11 000 décès sont survenus à la suite de cette épidémie, avec un taux de mortalité élevé estimé à environ 60%. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré l’épidémie en 2014-15 comme une urgence de santé publique internationale, il s’agit de la plus large épidémie à ce jour.

Cette étude pilote a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada et soutenue par le Laboratoire Européen Mobile, partenaire du Réseau des laboratoires de pathogènes émergents et dangereux et du Réseau mondial d’alerte et d’action en cas d’épidémie (OMS).

En savoir plus :
PLoS One- Interferon β-1a for the treatment of Ebola virus disease : A historically controlled, single-arm proof-of-concept trial
http://dx.doi.org/10.1371/journal.pone.0169255

Source :
UofT News 22 mars 2017

Rédacteur :
Armelle Chataigner-Guidez, Assistante du conseiller pour la science & la technologie, Ambassade de France au Canada- armelle.chataigner-guidez[a]diplomatie.gouv.fr