Cartographie de la biodiversité marine

Partager
Canada

Actualité
Canada | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
31 mai 2016

Dans un effort pour mieux comprendre le type de vie découvert dans ces profondeurs, une équipe internationale de scientifiques, -dont deux chercheurs au département de biologie de l’université Dalhousie, co-auteurs de l’étude : Boris Worm, professeur de biologie et Derek Tittensor, professeur adjoint de biologie-, a cartographié et prédit la biodiversité des fonds marins pour la première fois. Ses résultats ont été publiés dans la revue Nature.

On a longtemps cru que les zones les plus profondes de l’océan, froides et privées de lumière, étaient stériles et inhabitables. La découverte de la vie au plus profond de la planète bleue est relativement récente. Bien qu’il couvre 66 pour cent de la superficie mondiale des fonds marins, le fond des océans est resté une « boîte noire » en termes de modèles globaux de la biodiversité - jusqu’à maintenant.

L’étude a utilisé des enregistrements de nombreux musées du monde et la littérature scientifique existante pour cartographier l’emplacement de différentes espèces d’ophiures. Ces voisins des étoiles de mer à minces pattes représentent une part importante de la vie dans les fonds marins. La présence des ophiures à tous niveaux de profondeur en fait le groupe d’espèces idéal pour révéler l’évolution de la diversité en fonction de la profondeur. Les chercheurs ont découvert que les ophiures traduisaient une répartition de la diversité qu’on n’observe nulle part ailleurs sur Terre.

Des découvertes surprenantes

La plus grande biodiversité, globalement, se trouve dans les régions tropicales de la planète - à la fois sur terre et dans les faibles profondeurs de l’océan.
« Lorsque vous vous déplacez plus en profondeur [dans l’océan], tout change », explique Boris Worm, « Nous avons trouvé un nouveau mécanisme par lequel la diversité est générée ».

Dans les profondeurs de la surface de l’océan, la lumière du soleil est la forme principale d’énergie qui favorise une évolution qui développe une riche biodiversité, ce que l’on trouve plus systématiquement à haute intensité dans les tropiques. Mais dans les profondeurs de l’océan, la vie et la diversité doivent compter sur un autre type de « carburant ». L’une des principales observations de l’article est de démontrer que des quantités plus élevées de biodiversité dans les profondeurs de l’océan sont effectivement trouvées dans les hautes latitudes de la planète près des continents, ce qui contraste avec le lien géographie-biodiversité familier aux biologistes pendant des décennies.

Dr. Worm explique que la rupture dans le modèle peut être attribuée à la prolifération d’algues à grande échelle qui se produit au large des côtes parallèlement aux saisons des latitudes plus élevées. Une accumulation de nutriments dans l’hiver et l’augmentation de la lumière du soleil au printemps provoque la croissance rapide du plancton à la surface. En même temps qu’il se développe et avec le le mouvement, le plancton coule au fond de l’océan. Appelé « neige marine » (débris marins), ces particules qui s’enfoncent, alimentent –par l’énergie chimique plutôt que solaire- la biodiversité dans les profondeurs.

Collaboration internationale pour la conservation

Le Musée australien Victoria et un doctorant de l’Université de Melbourne, Skipton Woolley, ont dirigé l’étude. Attiré à Dalhousie pour son expertise de longue date dans la recherche sur la biodiversité marine, Woolley a travaillé sur le campus pendant plusieurs mois pour collaborer avec le Dr Worm et le Dr Tittensor. La recherche de l’équipe est une première étape importante pour les efforts de conservation dans les profondeurs de l’océan. Lent à se développer et à se maintenir, les fonds marins font face aux menaces grandissantes de prospection minière ; des chalutiers pour la pêche en eaux profondes et du changement climatique.

« Avec l’extraction de minéraux dans les fonds marins qui devient lentement une réalité, il est vital que nous comprenions les besoins de conservation des animaux qui vivent à ces grandes profondeurs », indique Woolley.

« Il y a beaucoup de discussions à l’ONU sur la biodiversité en haute mer – les zones hors juridiction nationale », ajoute le Dr Tittensor, qui est aussi biologiste marin senior au Centre mondial de surveillance continue de la conservation de la nature du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). « C’est le type de travaux qui alimenteront ses discussions. »

L’équipe espère qu’au fur et à mesure de la collecte des données en provenance du monde entier, les cartes mondiales de la diversité des fonds marins deviendront encore plus détaillées et couvriront un éventail plus large de la vie marine, améliorant ainsi les connaissances sur la répartition de la biodiversité marine.

Pour en savoir plus :
Nature 533,393–396 (19 May 2016) - doi:10.1038/nature17937
http://www.nature.com/nature/journal/v533/n7603/full/nature17937.html
Deep-sea diversity patterns are shaped by energy availability

Source :
Dal News- 12 mai 2016- Caitlynne Hines
http://www.dal.ca/news/2016/05/12/life-below--how-deep-sea-patterns-of-diversity-are-unlike-those-.html

Rédacteur :
Armelle Chataigner-Guidez, Assistante du conseiller pour la science & la technologie, Ambassade de France au Canada- armelle.chataigner-guidez[a]diplomatie.gouv.fr