Arguments en faveur de la reconnaissance de l’anthropocène

L’époque qui a immédiatement suivi la Seconde Guerre mondiale s’est caractérisée par un état euphorique de la consommation de matériaux fabriqués en série. Des scientifiques proposent que cette époque de l’Histoire soit désormais officiellement reconnue comme le début d’une nouvelle époque du temps géologique, appelée l’Anthropocène, fondée sur l’argument que les humains ont modifié le système de la Terre suffisamment pour produire des signaux stratigraphiques distinctifs pouvant être reconnus dans l’échelle de temps géologique.

Après avoir étudié les enregistrements stratigraphiques de marqueurs anthropiques -ceux produits par l’activité humaine - une équipe internationale de scientifiques a constaté que la présence de matériaux manufacturés dans les sédiments - y compris l’aluminium, les plastiques et le béton- coïncide avec l’observation dans les mesures globales de pointes en retombées de radionucléides , de particules issues de la combustion de fossiles combustibles, de la pollution atmosphérique mondiale et de l’augmentation accélérée des concentrations de gaz à effet de serre.

Cela a conduit à un état dans lequel la planète fonctionne sous des conditions fondamentalement différentes aux limites que durant l’Holocène, l’époque couvrant les 11.700 dernières années, et qui a servi de berceau aux sociétés humaines avancées dans des conditions environnementales relativement stables.

Le Prof. Alexander Wolfe de l’Université de l’Alberta, est co-auteur de cette nouvelle étude publiée dans la revue Science . « Ce nouveau document est une étape importante avant que nous ne fournissions des preuves et des recommandations à la Commission internationale de stratigraphie, afin que l’Anthropocène puisse être formellement reconnu à l’échelle du temps comme une nouvelle unité de l’histoire de la Terre à partir du milieu du 20ième siècle », explique le Prof. Wolfe, en précisant que ce changement aura des répercussions bien au-delà de la communauté géologique.

L’utilisation croissante du terme « anthropocène » a été notoirement vague et varie généralement d’une discipline à l’autre, comprenant non seulement les géologues et les paléobiologistes, mais aussi des anthropologues, des archéologues, des historiens. « Nous espérons qu’une telle définition commune aura des ramifications bien au-delà de notre propre communauté scientifique, » déclare le Prof. Wolfe.

« La reconnaissance officielle de l’Anthropocène pourrait bien influencer des décisions politiques concernant l’environnement. Jusqu’où peut-on ou doit-on aller en termes de modification de la planète, notre seul lieu de vie ? », conclut le Prof. Wolfe.

Pour en savoir plus :
Article original : Waters C.N., J. Zalasiewicz, C.Summerhayes, A. D. Barnosky, C.Poirier, A. Gałuszka, A. Cearreta, M. Edgeworth, E. C. Ellis, M. Ellis, C. Jeandel, R. Leinfelder, J. R. McNeill, D.deB. Richter, W. Steffen, J. Syvitski, D. Vidas, M.Wagreich, M. Williams, A. Zhisheng, J. Grinevald, E. Odada, N. Oreskes and A. P. Wolfe 2016, “ The Anthropocene is functionally and stratigraphically distinct from the Holocene ”, Science 08 Jan 2016:Vol. 351, Issue 6269, pp. DOI : 10.1126/science.aad2622
http://science.sciencemag.org/content/351/6269/aad2622.abstract?sid=9d646655-183e-4018-9cf1-12252bf9d3ac

Contact :
Prof. Alexander P. Wolfe
Department of Biological Sciences, University of Alberta
Phone : +1 780 492 5451
Email : awolfe chez ualberta.ca

Source :
Communiqué de presse du 7 janvier 2016 de l’Université d’Alberta –
https://uofa.ualberta.ca/science/science-news/2016/january/arguments-for-the-anthropocene

Rédacteur  :
Mathieu Leporini – Attaché pour la Science et la Technologie à Vancouver – mathieu.leporini[a]diplomatie.gouv.fr