Plan décennal 2017-2026 pour la science agricole en Australie

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Australie | Politiques de recherche, technologiques et universitaires | Agronomie et alimentation
11 octobre 2017

L’académie des sciences australienne a rassemblé un comité d’experts afin de faire l’état des lieux des sciences et des technologies agricoles du pays, et de planifier la stratégie dans ce secteur pour la prochaine décennie.

Les pratiques agricoles australiennes évoluent avec les connaissances scientifiques et les innovations technologiques. Ainsi, on observe la transition de l’agriculture de labours à l’agriculture de conservation, l’évolution des types d’animaux ou de cultures produits, l’utilisation d’organismes génétiquement modifiés, la mécanisation de nombreuses tâches… Le système agricole se transforme également pour des raisons économiques et sociales, avec la diminution et le vieillissement de la population active travaillant dans les métiers agricoles, mais aussi la mondialisation du marché alimentaire qui impose les prix des produits, et l’évolution des habitudes des consommateurs qui demandent des produits sains, éthiques, sans produits chimiques, et restent réfractaires aux OGM. 
Le futur du secteur agricole australien doit faire face à l’augmentation de la demande alimentaire due à la croissance démographique mondiale, aux incertitudes liées au changement climatique, à la dégradation des sols, à la compétition de l’utilisation des terres pour l’urbanisation, l’exploitation de minerai ou la conservation de l’environnement et de la biodiversité, et enfin aux risques biologiques.
La science agricole offre de nombreuses opportunités technologiques (robotisation, données spatiales, technologies agricoles intelligentes, OGM…), mais qui ont du mal à s’intégrer concrètement au niveau de l’exploitation agricole ou de la chaine de transformation alimentaire, en raison de leur complexité technique ou de la reluctance des professionnels ou des consommateurs face aux changements qu’elles proposent. Le développement et l’exploitation de la génomique, les technologies d’agriculture intelligente, l’analyse des méga-données, la chimie intelligente, le génie métabolique et les techniques de gestion de la variabilité et du changement climatique semblent être les domaines scientifiques qui seront à l’origine des futurs changements du système agricole, et qui permettront une meilleure productivité, une sécurité biologique renforcée, le maintien de ressources durables et une valeur accrue des produits grâce à leur qualité et traçabilité sur le marché.
Mais si les sciences et les nouvelles technologies ont pour rôle d’améliorer le système agricole, les membres du comité d’experts de l’académie des sciences s’inquiètent du déclin des filières agricoles dans les universités australiennes (moins 45% entre 2001 et 2012, avec une légère remontée depuis). Les étudiants désertent cette filière, qui en conséquence voit ses revenus et le nombre de ses enseignants diminuer, alors que les industries et les exploitations agricoles se retrouvent en manque de jeunes diplômés. Une telle situation menace les compétences agricoles de l’Australie et sa capacité d’innovation sur le long-terme. De plus, la productivité agricole est fortement liée à la recherche et développement dans ce domaine, or les gouvernements d’états australiens ont réduit leurs investissements de 52% entre 1995 et 2012, et les universités ont vu leurs subventions diminuer également de 23% entre 2003 et 2014. La plus grande part des financements R&D du secteur vient désormais des Rural Research and Development Corporations, dont les industries agricole dirigent les investissements de façon plus tactique que stratégique.

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Zone agricole
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Face à cette situation, le comité d’experts souligne l’importance d’une bonne coordination de la recherche australienne dans ce secteur, permettant d’identifier les priorités et de sécuriser des financements adaptés à la nature et à l’échelle de temps des recherches menées.

Il recommande :

  • la mise en place d’un fonds de soutien à l’innovation dans le secteur agricole, afin d’aider à la commercialisation rapide des découvertes scientifiques.
  • la création d’un centre de soutien aux doctorants et jeunes chercheurs de la filière agricole. Sa fonction comprendrait la gestion d’une bourse d’études accessible aux doctorants et aux professionnels afin de les encourager vers le secteur de la recherche, la mise en contact des étudiants avec un réseau d’entreprises agricoles, et le maintien de connections entre les cohortes d’étudiants de la filière.
  • l’implication de la communauté de recherche agricole dans les infrastructures nationales partagées dont elle pourrait bénéficier.
  • la mise en place d’une organisation nationale pour la recherche et l’innovation agricole qui coordonnerait les priorités des organisations de recherche publique du secteur et identifierait des thèmes de recherche stratégiques, qui évaluerait les capacités et les besoins de la recherche agricole, et enfin qui coordonnerait l’implication australienne dans des programmes de recherche internationaux.
  • l’implication accrue de toutes les organisations agricoles auprès du public pour une meilleure compréhension et adoption des sciences agricoles.

Lire le rapport de l’Académie des Sciences