Dernière édition des discussions sur l’Arctique à l’ambassade des États-Unis à Berlin

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Allemagne | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
5 octobre 2015

Le 11 septembre 2015 avait lieu à l’ambassade des États-Unis à Berlin la dernière édition du cycle de discussions sur l’Arctique [1], les Etats-Unis ayant pris la présidence tournante du conseil de l’Arctique pour les deux années à venir. L’évènement était organisé en collaboration avec le think tank Ecologic Institute et la commission américaine pour la recherche arctique (USARC) dont une représentante a été envoyée en Allemagne pour cette occasion.

Un représentant de l’ambassade des États-Unis a ouvert la discussion en revenant sur la conférence internationale GLACIER sur l’Arctique qui s’est tenue à Anchorage (Alaska) les 30 et 31 août 2015. Celle-ci a été marquée par la présence du président Barack Obama qui s’y est positionné pour un renforcement de la lutte contre le réchauffement climatique, les effets de ce dernier se faisant sentir deux fois plus rapidement dans la région circumpolaire que dans le reste du monde. Dans cette optique, la science et les progrès technologiques doivent permettre d’éviter les catastrophes à venir.

Une représentante de l’USARC a ensuite présenté ses travaux. Elle a en particulier insisté sur l’importance économique de l’Alaska : hydrocarbures, pêche (50% de la production de fruits de mer américain), tourisme en pleine expansion (navires de croisière en particulier). Par ailleurs, du fait des changements climatiques, la retraite de la banquise en été rend accessible deux nouvelles routes maritimes : la route du nord longeant les côtes de la Russie, et le passage du nord-ouest à travers les îles canadiennes, toutes deux se rejoignant au niveau du détroit de Béring. Si la route canadienne ne devrait pas connaitre une importante expansion, les autorités russes ont investi dans de nouvelles infrastructures logistiques afin de développer le trafic sur la route du nord, la plus courte entre l’Asie orientale et l’Europe de l’ouest [2]. De nouvelles ressources sont aussi disponibles du fait du retrait des glaces (zones de pêche, hydrocarbures). Cependant les modifications des écosystèmes sont encore mal connues et davantage de recherche en la matière est nécessaire. Cette intervention s’est achevée sur les travaux du conseil de l’Arctique (rapports d’évaluation) et les priorités de la présidence des États-Unis, à savoir :

  • La protection de l’océan arctique ;
  • L’amélioration de l’économie locale et des conditions de vie ;
  • La lutte contre le réchauffement climatique.

Un membre de l’Ecologic Institute, a pris la parole pour pointer du doigt les risques de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures dans la région arctique. Il a en particulier rappelé que pour rester dans la limite d’un réchauffement global de 2°C, 80% des réserves en énergie fossiles doivent rester dans le sol. Or celles de l’Arctique ne font pas partie des 20% les plus économiquement intéressantes du point de vue de l’extraction et devront être amenées à rester en l’état.

Un représentant de l’ambassade de Norvège en Allemagne a rappelé le rôle historique de son pays comme nation arctique et son engagement pour le développement durable de la région. Il a en particulier mentionné la très forte taxe carbone norvégienne qui permet d’éviter le torchage [3] et d’inciter au développement de technologies de capture et de séquestration du carbone (CCS) sur ses plateformes pétrolières.

Au cours de la discussion avec le public, un représentant du ministère fédéral des Affaires étrangères allemand a mentionné la présence de la base franco-allemande AWIPEV sur l’archipel du Spitzberg (Norvège) et sa valeur scientifique pour les deux pays. Il s’est inquiété qu’un possible nouveau traité du conseil de l’Arctique puisse remettre en question son existence. Les représentants norvégiens et américains ont répondu en insistant sur l’importance de la coopération scientifique internationale aux yeux de leurs gouvernements respectifs et signifié que tout nouveau traité ne pourrait qu’aller dans le sens de davantage de coopération.

[1] Voir les comptes rendus de précédentes éditions :
"Le Conseil de l’Arctique : perspectives canadiennes et allemandes", Science Allemagne, 27/10/2014 - http://www.science-allemagne.fr/fr/cooperation-internationale/le-conseil-de-larctique-perspectives-canadiennes-et-allemandes/
"Seconde édition des discussions sur l’Arctique à l’ambassade du Canada en Allemagne", Science Allemagne, 24/04/2015 - http://www.science-allemagne.fr/fr/actualites/sciences-de-la-terre-environnement/environnement/seconde-edition-des-discussions-sur-larctique-a-lambassade-du-canada-en-allemagne/

[2] On citera par exemple les brise-glace à propulsion nucléaire russes Arktika permettant d’ouvrir la voie aux navires de transport jusque tard dans l’automne.

[3] Définition issue du Larousse en ligne : "Opération consistant à brûler à la torche un gaz combustible excédentaire associé au pétrole, et qui se dégage dans l’atmosphère."

Plus d’informations :

Source : Présence du rédacteur à l’ambassade des Etats-Unis à Berlin (11/09/2015).

Rédacteur : Sean Vavasseur, sean.vavasseur[at]diplomatie.gouv.fr – www.science-allemagne.fr