Le financement, un enjeu essentiel dans la lutte contre le changement climatique

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L’effort conjoint des pays développés n’a jusqu’ici pas été suffisant pour mobiliser les financements en faveur du climat dans les pays en développement. Face à ce constat, l’OCDE a fixé un objectif de 100 milliards de dollars pour 2023. Au Sommet pour un Nouveau Pacte Financier Mondial, à Paris en juin 2023, les pays développés ont indiqué leur confiance sur leur capacité à parvenir à cet objectif en 2023.

Mobiliser des financements climat à destination des pays en développement, un engagement des pays développés renouvelé à la COP21

En 2009, les pays développés ont pris l’engagement de mobiliser chaque année 100 milliards de dollars de financements climat, au bénéfice des pays en développement jusqu’en 2020. En 2015, lors de la COP21 à Paris, ils en ont fait un engagement annuel jusqu’en 2025. L’accord prévoit qu’un équilibre entre financement de l’atténuation et financement de l’adaptation doit être recherché, et précise qu’un nouvel objectif quantitatif collectif sera défini avant 2025.

En 2020, les financements climat mobilisés par les pays développés vers les pays en développement ont atteint 83,3 milliards de dollars (chiffres OCDE), en légère hausse par rapport à 2019 (+4%). Ces financements climat sont dédiés majoritairement à l’atténuation des causes du changement climatique (58%). La part dédiée à l’adaptation à ses effets (35%) et à l’adaptation et à l’atténuation simultanément (7%) est moindre.

L’Union européenne (UE) et ses États membres sont les principaux contributeurs à la finance climat internationale, avec 21,9 milliards d’euros de financements publics dédiés à la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement en 2019 (pour l’UE à 27). Ce soutien financier a plus que doublé depuis 2013.

Plusieurs canaux sont utilisés pour rendre les financements disponibles : les pays développés proposent des financements via leurs agences publiques de développement bilatérales, mais aussi au travers des banques multilatérales de développement et des fonds multilatéraux dédiés aux enjeux climatiques (Fonds Vert pour le Climat, Fonds pour l’Environnement Mondial).

Près de 10 milliards de dollars pour le Fonds Vert pour le Climat

Le Fonds Vert pour le Climat, opérationnel depuis 2015, est le principal fonds multilatéral dédié au financement de la lutte contre le changement climatique. Il bénéficie d’une capacité de financement importante et d’un effet de levier sur les financements privés, ainsi que d’un large réseau d’entités de mise en œuvre et d’intermédiaires. Son mandat porte autant sur l’atténuation que l’adaptation.

Le Conseil du Fonds Vert pour le Climat est composé à parts égales de pays donateurs et de pays bénéficiaires. La France dispose d’un siège et a co-présidé le Conseil deux années de suite, avec le Mexique en 2021 et avec l’Afrique du Sud en 2022.

À l’occasion de la deuxième conférence de haut niveau de reconstitution du Fonds Vert pour le Climat, qui s’est tenue le 5 octobre 2023, à Bonn, la France a confirmé qu’elle contribuerait au Fonds à hauteur 1,61 milliard d’euros pour la période 2024-2027. Cette contribution française, la plus importante depuis la création du Fonds, place la France au troisième rang des contributeurs. Au total, 25 pays ont annoncé 9,33 milliards de dollars de contribution.

En octobre 2023, le Fonds Vert pour le Climat recensait 228 projets dans 128 pays pour un montant de 12,7 milliards de dollars (+2,7 milliards d’euros en 2 ans). Ces projets permettraient l’évitement de 2,9 milliards de tonnes d’équivalent CO2 et le renforcement de la résilience d’un milliard de personnes à travers le monde.

COP28 : une conférence décisive pour la lutte internationale contre le changement climatique

Que fait la France pour la finance climat ?

La France s’est engagée à porter ses financements publics en faveur du climat dans les pays en développement, de 3 milliards d’euros en 2015 à 5 milliards d’euros en 2020. Cet objectif avait été atteint et dépassé dès 2019. Depuis, la France a relevé et prolongé son engagement pris lors de la COP21, le portant à 6 milliards d’euros par an entre 2021 et 2025, dont un tiers pour l’adaptation.

La France tient ses engagements : en 2021, elle a mobilisé 6,1 milliards d’euros dont 2,2 milliards d’euros pour l’adaptation. En 2022, la France a fourni 7,6 milliards d’euros de financement climat, dont 2,6 milliards d’euros pour l’adaptation, bien que l’objectif annuel demeure de 6 milliards d’euros.

Dans un contexte où les pays en développement appellent à un renforcement des mécanismes de réponse aux catastrophes naturelles, la France soutient l’appel du Secrétaire général des Nations unies à généraliser les systèmes d’alerte précoce dans tous les pays du monde : la France a annoncé le doublement de sa contribution à l’initiative CREWS pour la porter à 8 millions d’euros par an. Lancée par la France à la COP21, cette initiative a déjà mobilisé 110 millions de dollars, dont 42 millions de dollars apportés par la France, pour créer des systèmes d’alerte précoce dans les pays vulnérables.

Le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial, réuni par le président de la République à Paris les 22 et 23 juin 2023, a permis un « choc de financement » attendu par de nombreux partenaires du Sud, afin de répondre aux principaux défis mondiaux et aux enjeux de financement associés : lutte contre la pauvreté, décarbonation de nos économies pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et protection de la biodiversité. Le sommet a constitué une première étape, porteuse de nouveaux élans politiques, pour mobiliser davantage de ressources financières, adapter l’architecture financière internationale aux besoins du XXIe siècle, et alléger la contrainte budgétaire immédiate sur les pays les plus vulnérables.

L’Agence française de développement (AFD), opérateur du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, met en œuvre une grande partie de la finance climat de la France, au plus près des besoins des pays les plus vulnérables. Elle a été en 2017 la première banque de développement à prendre l’engagement de s’aligner avec les objectifs de l’accord de Paris, puisqu’elle a mis fin au financement de tout projet contraire à l’action climatique.

L’engagement de la France se traduit aussi par une contribution importante aux fonds multilatéraux de financements en faveur du climat. La France est ainsi parmi les plus importants contributeurs au Fonds Vert pour le Climat, principal mécanisme financier de l’accord de Paris, et du Fonds pour l’environnement mondial. Les financements français vont à des projets concrets dans différents pays :

  • financement de centrales solaires ;
  • modernisation des réseaux électriques ;
  • construction de transports publics propres ;
  • amélioration de l’approvisionnement en eau ;
  • conservation des forêts ;
  • déploiement de systèmes d’alerte précoces pour les risques de catastrophe.

Au-delà des financements apportés par les pays développés aux pays en développement, l’alignement des politiques publiques avec les objectifs de l’accord de Paris doit permettre d’orienter l’ensemble des flux financiers, publics et privés vers l’atteinte des objectifs de limitation du réchauffement climatique et de résilience.
Plus d’informations sur l’ambition française et européenne dans la lutte contre le changement climatique

Mise à jour : novembre 2023