Situation en Biélorussie : la position de la France

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À l’issue de l’élection présidentielle du 9 août 2020, la Biélorussie a connu les plus importantes manifestations de son histoire. Des dizaines de milliers de citoyens biélorusses se sont rassemblés pacifiquement pour protester contre la falsification du résultat électoral et exiger le départ d’Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994. Comme ses partenaires européens, la France n’a pas reconnu la légitimité du scrutin et a soutenu la mobilisation démocratique.

En réaction à cet élan citoyen, les autorités biélorusses ont conduit une répression violente contre toutes les composantes de la société civile (opposition, médias, ONG). Les principales figures de l’opposition sont aujourd’hui toutes emprisonnées ou exilées. Tous les médias indépendants et ONG jugées dissidents ont été dissouts et le régime n’a pas hésité à dérouter un avion de ligne de Ryanair le 23 mai 2021 afin de procéder à l’arrestation du journaliste Roman Protassevitch pour avoir critiqué le pouvoir.

Alexandre Loukachenko a ensuite provoqué une crise migratoire avec l’Union européenne à l’automne 2021. Les autorités biélorusses ont acheminé des milliers de candidats à l’immigration illégale vers les frontières du pays avec ses voisins de l’UE, au premier rang desquels la Pologne et la Lituanie. Au début de l’année 2022, Minsk a également alimenté les tensions entre la Russie et l’Ukraine en organisant des exercices militaires conjoints à la frontière ukrainienne.

Quelle est la position de la France ?

Tout comme l’Union européenne (UE), la France ne reconnait pas la légitimité d’Alexandre Loukachenko et soutient la mobilisation démocratique.

La position française se situe dans un cadre européen

L’Union européenne a adopté plusieurs trains des sanctions contre les individus et entités impliqués dans la falsification de l’élection d’août 2020, la répression politique, l’acheminement de migrants aux frontières de l’UE à l’automne 2021 et les autres actions déstabilisatrices du régime d’Alexandre Loukachenko.

Depuis le début de la crise, les États membres de l’Union européenne ont adopté 5 paquets de sanctions : 183 individus et 26 entités font l’objet d’une interdiction de voyage et d’un gel d’avoirs.
A la suite du déroutement du vol Ryanair Athènes-Vilnius, le 23 mai 2021, et de l’arrestation du journaliste Roman Protassevitch, des sanctions sectorielles ont également été introduites.

Par ailleurs, L’UE a apporté son soutien à la population biélorusse et a élaboré un plan de soutien économique de 3 milliards d’euros, ayant vocation à accompagner une éventuelle transition démocratique de la Biélorussie.

Les actions spécifiques portées par la France

En 2020 puis en 2021, la France a fait partie des pays ayant activé le mécanisme de Moscou et le mécanisme de Vienne à l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) afin d’enquêter sur les violations des droits de l’homme commises avant et après les élections du 9 août 2020. Elle a également soutenu au Comité des droits de l’Homme des Nations Unies le renforcement du mandat de la Haute-Commissaire chargée d’enquêter sur ces violations.

Les moyens consacrés au soutien à la société civile biélorusse ont été accrus. L’action de la France s’est concentrée sur le soutien aux étudiants biélorusses, particulièrement actifs lors des manifestations post-électorales, par le biais d’un programme de bourses, et l’accompagnement des étudiants exilés à Varsovie et Vilnius. Plusieurs représentants de l’opposition démocratique ont été invités à Paris pour y rencontrer nos autorités, en premier lieu Pavel Latouchka en avril 2021 et décembre 2021 et Svetlana Tikhanovskaïa en septembre 2021 et février 2022.

Où en est-on en 2022 ?

Situation intérieure de la Biélorussie

Plus d’un an et demi après le début du mouvement de contestation, le régime d’Alexandre Loukachenko n’a fait aucune concession. Sur le plan institutionnel, les perspectives d’un dialogue inclusif et d’une véritable réforme constitutionnelle se sont éloignées à mesure qu’Alexandre Loukachenko s’employait à raffermir son pouvoir. Cela se traduit par une aggravation de la répression contre toutes les composantes de la société civile. Le nombre de prisonniers politiques a dépassé le seuil des 1 000 détenus. Depuis le mois d’août 2020, de 100 à 200 000 personnes ont quitté la Biélorussie et le pays affiche un nombre record d’interpellations (plus de 35 000).

Relations extérieures

Le raidissement du régime biélorusse s’est accompagné d’un rapprochement entre Minsk et Moscou dans le cadre du traité sur l’État de l’Union signé en 1999 entre les deux pays, et qui prévoit à terme la création d’une confédération. Les concessions biélorusses les plus importantes ont été faites dans le domaine militaire.

En parallèle, les relations avec les pays occidentaux se sont rapidement dégradées après le scrutin controversé du 9 août 2020.
La relation avec l’UE a été particulièrement affectée par le déroutement le 23 mai 2021 d’un vol de la compagnie Ryanair et le déclenchement par Minsk d’une crise migratoire aux frontières avec la Pologne, la Lituanie et la Lettonie à l’automne 2021.

4 ambassadeurs européens ainsi que le chef de la délégation de l’UE ont été contraints par les autorités de quitter la Biélorussie.
Le 17 octobre 2021, l’ambassadeur de France a ainsi été contraint par les autorités biélorusses de quitter le pays à la suite du refus français de présenter ses lettres de créance à Alexandre Loukachenko.

Mise à jour : février 2022

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