Présentation de la Birmanie

Partager

Données générales

BIRMANIE {JPEG}

Nom officiel : République de l’Union de Birmanie

Situation économique

Données géographiques

Superficie : 678 528 km²
Capitale : Nay Pyi Taw (1,2 M d’habitants)
Villes principales : Rangoun (5,8 M d’habitants), Mandalay (2,5 M d’habitants), Mawlamyine (500 000), Sittwe (200 000)
Langue officielle : birman
Monnaie : Kyat
Fête nationale : 4 janvier (anniversaire de l’indépendance en 1947)

Données démographiques

Population : 54,8 millions d’habitants (2021, Banque Mondiale)
Densité : 80,1 habitants/km2
Croissance démographique : 0,7 (2021, Banque mondiale)
Espérance de vie : 67 ans (2021, Banque mondiale)
Taux d’alphabétisation : 89 % (2019, Unesco)
Religion : bouddhisme (87,9 %), christianisme (6,2 %), islam (4,3 %), animisme (0,8 %), hindouisme (0,5 %)
Indice de développement humain : 0,585 (2021, Banque mondiale)

Politique intérieure

Après plusieurs décennies de gouvernement par une junte militaire, la Birmanie s’était engagée à l’été 2011 dans un processus de transition démocratique, initié par la mise en place d’un gouvernement civil. Ce processus s’était notamment traduit par la libération de prisonniers politiques et par l’autorisation du principal parti d’opposition, la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d’Aung San Suu Kyi, qui avait remporté les élections partielles de 2012 puis les élections générales de 2015. Aung San Suu Kyi cumulait ainsi depuis avril 2016 les fonctions de Ministre des Affaires étrangères, Ministre du Cabinet de la Présidence et de Conseillère pour l’Etat. Les élections du 8 novembre 2020 ont vu la LND remporter une large victoire électorale, avec 396 sièges au Parlement national, dont 258 sièges à la Chambre basse et 138 sièges à la Chambre haute. Le coup d’Etat du 1er février 2021 est venu interrompre subitement ce processus de transition démocratique. La prise du pouvoir illégale de l’armée birmane a été condamnée avec la plus grande fermeté par la France et par l’Union européenne (UE). Il a conduit à la constitution d’un « Conseil d’administration de l’Etat » (« State Administrative Council » ou SAC), organe dirigeant de facto de la junte présidé par le commandant-en-chef des forces armées birmanes, le Senior-General Min Aung Hlaing.

En réponse au coup d’Etat, une opposition s’est structurée autour de deux institutions principales, le « Gouvernement d’unité nationale » (NUG) et le Comité représentant l’Assemblée de l’Union (Committee Representing Pyidaungsu Hluttaw ou CRPH), constitué des représentants démocratiquement élus en novembre 2020, dont le NUG est issu. Celui-ci compte 16 « ministres » et 16 « vice-ministres ». Aung San Suu Kyi et le président birman depuis 2018, Win Myint, bien qu’en détention, en sont officiellement les dirigeants. Le NUG a annoncé le 5 mai 2021 la constitution de « forces de défense du peuple » (People’s Defense Forces ou PDF), qui sont engagées dans des affrontements contre l’armée birmane. Le CRPH, le NUG et les PDF ont été qualifiés de « groupes terroristes » par le régime militaire. Reconnue coupable de 19 chefs d’accusation par un tribunal militaire, Aung San Suu Kyi a été condamnée à une peine totale de 33 ans d’emprisonnement.

Depuis 2011, la Birmanie avait par ailleurs initié un nouveau processus de paix nationale, réunissant le gouvernement, l’armée birmane et les groupes ethniques armés, dans l’objectif de mettre fin à plusieurs décennies de conflits internes. Ce processus s’était principalement traduit par la signature de l’accord de cessez-le-feu national (National Ceasefire Agreement – NCA) d’octobre 2015, conclu entre le gouvernement de l’Union de Birmanie et dix groupes ethniques armés. En dépit de la tenue d’une nouvelle Conférence sur le processus de paix (« Conférence de Panglong pour le XXIe siècle ») au mois d’août 2020, celui-ci connaissait peu d’avancées au niveau national et les combats se poursuivaient entre les forces de sécurité birmanes et plusieurs groupes ethniques armés non signataires du NCA. Le coup d’Etat du 1er février 2021 a remis en cause ces progrès, conduisant des groupes ethniques armés opposés à la junte à reprendre les armes.

Politique extérieure

Après plusieurs années d’isolement, renforcé suite à la répression interne du mouvement pro-démocratie en 1988, la Birmanie avait progressivement rétabli, depuis 2011, des contacts diplomatiques de haut niveau, notamment avec les pays de la région dont la Chine, l’Inde, le Japon ou encore la Corée du Sud. Depuis le coup d’Etat, la Birmanie fait néanmoins l’objet d’un isolement croissant sur la scène internationale. Faisant exception, la Russie s’est rapprochée de la junte au pouvoir, dont elle est le premier fournisseur d’armes.
La Chine reste l’un des principaux partenaires de la Birmanie. Pékin est le premier investisseur étranger en Birmanie (93,4 millions USD d’investissements autorisés en 2021) devant Singapour, la République de Corée et Hong Kong. Ses investissements se concentrent principalement dans les infrastructures et le secteur énergétique. Les deux pays entretiennent des contacts politiques de haut niveau, le président chinois XI Jinping s’étant ainsi rendu en Birmanie en janvier 2020 à l’occasion du 70e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays.
L’Inde et la Birmanie ont célébré en 2018 le 70ème anniversaire de l’établissement de leurs relations diplomatiques. Les échanges commerciaux ont atteint 1,63 Mds $ en 2021 et se maintiennent à un niveau important en dépit du coup d’Etat de février 2021.

Depuis la réouverture du pays en 2011, le Japon avait considérablement renforcé ses liens avec la Birmanie. Tokyo se positionnait comme un partenaire économique clé grâce à une politique de coopération ambitieuse menée par l’agence japonaise de coopération internationale (JICA) à travers des financements importants dans le secteur des infrastructures, de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement, du développement urbain ou encore de l’énergie. Le coup d’Etat a entraîné un recul des échanges économiques bilatéraux, en plus d’une prise de distance du Japon vis-à-vis du régime militaire au niveau politique.

La Birmanie est par ailleurs membre de l’ASEAN depuis 1997 et en a assuré la présidence en 2014, ce qui avait alors acté la normalisation de son statut au sein de l’organisation régionale. En réponse au coup d’Etat du 1er février 2021, l’ASEAN a adopté le 24 avril 2021 un « Consensus en cinq points » appelant notamment à la cessation immédiate des violences et à un dialogue politique incluant l’ensemble des parties prenantes. Un Envoyé spécial de l’ASEAN pour la Birmanie est chargé de le mettre en œuvre. L’ASEAN a pris la décision de ne pas inviter de représentant politique birman aux sommets de l’ASEAN des 26-28 octobre 2021 et a renouvelé cette décision depuis, ce qui se traduit par une exclusion de facto de la Birmanie des sommets des chefs d’Etat et de gouvernement, ainsi que des réunions des ministres des Affaires étrangères de l’ASEAN.

Crise des Rohingyas

Quatre ans et demi après les violences commises à l’encontre des populations Rohingyas de l’Etat de l’Arakan (plus de 890 000 ont fui les violences en Birmanie vers le Bangladesh à partir du 25 août 2017), la communauté internationale reste très attentive à la situation humanitaire et celle des droits de l’Homme en Birmanie a fortiori alors que les forces de sécurité birmanes, responsables des exactions contre les Rohingyas, se sont emparés du pouvoir.

Avant le coup d’Etat du 1er février 2021, la Birmanie avait conclu un arrangement bilatéral avec le Bangladesh le 23 novembre 2017 pour le retour des réfugiés. Des négociations ont repris en décembre 2021 entre les deux pays. Elle avait également signé, le 6 juin 2018, un accord avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en vue de faciliter le retour des réfugiés Rohingyas. Cet accord, renouvelé pour un an en mai 2020, a expiré depuis.

La Mission d’établissement des faits mandatée par le Conseil des droits de l’Homme a souligné que des violations des droits de l’Homme relevant des qualifications de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et pouvant relever de la qualification de génocide avaient été commises en Birmanie. Cette mission, dont le mandat s’est achevé en septembre 2019, a été remplacée par un mécanisme permanent d’enquête de collecte et de conservation des preuves de crimes internationaux, opérationnel depuis le 30 août 2019.

Le 11 novembre 2019, la Gambie, avec le soutien de l’Organisation de la Coopération Islamique, a introduit une instance contre la Birmanie sur le fondement de violations de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. La CIJ a tenu en décembre 2019 des audiences publiques relatives à la demande de mesures conservatoires par la Gambie. Dans son ordonnance du 23 janvier 2020, la CIJ a reconnu que la population Rohingya demeure « extrêmement vulnérable » et a indiqué quatre mesures conservatoires visant à ce que la Birmanie respecte ses obligations au regard de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, en attendant la décision définitive de la Cour sur le fond. Lors d’une nouvelle série d’audiences en février 2022, les représentants du régime militaire, ont contesté la compétence de la Cour et ont argué que la requête de la Gambie était irrecevable.

La Cour pénale internationale (CPI) s’est déclarée compétente pour juger le crime de déportation des Rohingyas au Bangladesh et, le 14 novembre 2019, la Procureure de la CPI a été autorisée à procéder à une enquête active sur les crimes présumés relevant de la compétence de la Cour qui auraient été commis contre la population Rohingya.

Situation économique

PIB : 66,7 Mds USD (2021)
PIB par habitant : 1246 USD (2021)
Croissance annuelle du PIB : -18,4% (2021)
Taux de chômage : 4,54% (2020)
Balance des paiements courants : -2,7% PIB (2021)

Après des décennies de repli isolationniste et de sanctions internationales, une décennie de rattrapage avait permis à la Birmanie de rejoindre la tranche inférieure des pays à revenus intermédiaires en 2015 (croissance de 6,65% en moyenne entre 2011 et 2020).

Le coup d’Etat du 1er février 2021 et la crise sanitaire ont plongé le pays dans une profonde récession, la Banque Mondiale estimant à 18,4% la contraction du PIB pour 2021. La demande intérieure a fortement pâti des contraintes imposées par les forces armées sur la circulation et sur l’accès à internet, ainsi que de l’effondrement du cours de la monnaie et de la hausse de l’inflation associée. Dans le même temps, la condamnation internationale du coup d’Etat a conduit à la suspension des versements des principaux bailleurs de fonds multilatéraux et a fait chuter les investissements étrangers dans le pays (-25% sur les onze premiers mois de 2021). D’après le ministère birman de l’Investissement, les principaux investisseurs étrangers en flux étaient en 2021 : la Chine (93,4 M USD), Singapour (81,9 M USD) puis la République de Corée (35,6 M USD).
En dépit de la relative stabilisation de certains pans de l’économie ces derniers mois (agriculture et industrie), les crises sanitaire et politique que traverse la Birmanie ont porté le taux de pauvreté à près de 50% de la population en 2022, soit 12 millions de personnes supplémentaires en un an. Selon les données du Haut-Commissariat pour les Réfugiés au 1er avril 2023, 1,8 million de personnes sont désormais déplacées en Birmanie.

Mise à jour : 2 juin 2023

Informations complémentaires