La France et les Caraïbes

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La France est présente dans les Caraïbes à travers les collectivités françaises d’Amérique (CFA) : la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, Saint-Barthélemy et Saint-Martin. Fortement ancrée dans cette région, elle a noué, au fil des ans, des liens historiques et culturels étroits avec le bassin caribéen. La France partage avec ses voisins de la région des problématiques communes, en particulier sur les plans climatique et environnemental. Elle est très attentive aux opportunités de développement de ses relations avec les pays de la Caraïbe, et noue des coopérations bilatérales et multilatérales dynamiques dans plusieurs domaines (développement durable, coopérations culturelle, sécuritaire, sanitaire, universitaire, formation professionnelle).

En liaison avec les collectivités régionales dans le cadre des compétences qui leur sont dévolues, la contribution française au développement des territoires caribéens, voisins de ses collectivités d’outre-mer, participe à la sécurité régionale et encourage les échanges commerciaux. Cela permet aussi de renforcer les liens culturels et éducatifs qui unissent la France à une région comptant 1 million de Français et Françaises et plus de 10 millions de francophones et créolophones à base lexicale française.

Géographie de l’espace Caraïbe : une région hétérogène malgré des problématiques communes

L’espace caraïbe est un bassin s’étendant sur 4 millions de km2, composé de petits Etats insulaires en développement (PEID) et de 7 collectivités d’outre-mer aux statuts différents.
La France y est présente au travers des collectivités françaises des Amériques : la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, Saint-Barthélemy et Saint-Martin. Elles représentent 1 million de Français.
Cet ensemble présente des caractéristiques insulaires communes mais n’est pas homogène. La région se divise en plusieurs sous-ensembles :

  • la Caraïbe anglophone,
  • la Caraïbe hispanophone,
  • la Caraïbe orientale (mêlant territoires francophones et anglophones),
  • Haïti, seul pays moins avancé (PMA) de la zone.

Cet émiettement se traduit par une hétérogénéité d’abord démographique, mais aussi économique, linguistique et institutionnelle (certains Etats sont indépendants quand d’autres territoires sont associés à des Etats européens), sans compter les coûts de transport intra-caribéens qui freinent considérablement l’intégration régionale.

La France dispose de 8 ambassades dans la région :

  • à Cuba,
  • en Haïti,
  • en Jamaïque,
  • au Panama (compétente pour les Bahamas),
  • en République dominicaine,
  • à Sainte-Lucie (compétente pour les 6 pays de l’OECO et la Barbade),
  • au Suriname (compétent pour le Guyana),
  • à Trinité-et-Tobago.

L’intégration régionale, une priorité de la France dans le bassin caribéen

La diversité du bassin caribéen se reflète dans son adhésion à diverses organisations régionales et son architecture institutionnelle repose sur 3 organisations principales dans lesquelles la France est représentée respectivement par ses ambassades à Castries, Paramaribo et Port d’Espagne :

  • l’Association des Etats de la Caraïbe (AEC) dont la France est membre associé au titre de la Guyane, de Saint-Barthélemy, de Saint-Martin (2016), de la Guadeloupe et de la Martinique.
  • la Communauté caribéenne (CARICOM), dont la Guadeloupe et la Martinique sont membres associés.
  • l’Organisation des Etats de la Caraïbe Orientale (OECO)
Zoom : les organisations régionales du bassin Caraïbe
  • CARICOM (Communauté caribéenne) : cette organisation vise à favoriser l’intégration économique de la région via l’instauration d’un marché commun et la libre-circulation des personnes. S’y ajoutent des agences thématiques à l’origine de coopérations concrètes dans les domaines de la santé, l’aviation civile, l’environnement, par exemple.
  • OECO (Organisation des Etats de la Caraïbe Orientale) : fondé sur un ambitieux processus d’intégration économique, elle s’accompagne d’initiatives dans le domaine de l’éducation, l’environnement et la santé entre les membres.
  • AEC (Association des Etats de la Caraïbe) : regroupant l’ensemble des Etats riverains de la mer des Caraïbes (25 Etats membres et 8 membres associés), elle s’attache avant tout à la protection de l’environnement de la mer des Caraïbes.

Approfondir l’intégration institutionnelle dans la région

La France est désireuse d’approfondir son intégration institutionnelle dans la région, afin d’ancrer les départements d’outre-mer dans leur environnement régional et d’y renforcer sa coopération, notamment économique, avec les Etats voisins.

C’est dans cette perspective que la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane ont relancé leur candidature à un statut de membre associé à la CARICOM en 2022, dans un contexte régional plus favorable.

C’est également à cette fin qu’ont lieu, à un rythme annuel (hors 2020 et 2021 en raison de la pandémie de la Covid-19), les Conférences de coopération régionale Antilles-Guyane : associant les collectivités territoriales, l’Etat et les territoires voisins, elles ont pour objectif de coordonner et d’impulser la politique de coopération régionale de la France autour d’enjeux majeurs tels que l’environnement, les échanges commerciaux, la mobilité, les trafics illicites ou encore la santé.

Culture, éducation et Francophonie : de solides piliers de coopération

A la faveur de relations historiques et culturelles étroites avec les pays du bassin caribéen, la France attache une grande importance au développement de coopérations poussées dans les domaines de l’éducation et de la culture. Ces coopérations sont favorisées par le fait que la langue et la culture françaises occupent une place importante dans la région, au côté de la « créolité ».

Un espace francophone

Le bassin caribéen constitue un espace privilégié pour la Francophonie.
Outre Haïti, où le français est la langue officielle, la République dominicaine, Sainte-Lucie et la Dominique sont membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Base lexicale de nombreuses langues créoles, le français demeure, notamment au sein de l’OECO, la première langue étrangère enseignée. La France promeut le développement du français dans les écoles de Cuba, où une dynamique prometteuse a été initiée en 2019 après de nombreuses années de recul de la langue française via un programme du Fonds de solidarité pour les projets innovants (FSPI), soutient notamment la formation des enseignants et l’offre de cours de français. Radio France International (RFI) dispose de relais de diffusion sur bande FM en Haïti, en République dominicaine et à Sainte-Lucie.

En savoir plus sur la Francophonie

Coopération universitaire et scientifique

Cette coopération est soutenue avec les partenaires régionaux de la France, que ce soit à l’organisation d’événements académiques (colloques, conférences, débats) ou à l’appui à la mobilité étudiante. Un salon ELAN CAMPUS France ainsi qu’une Plateforme Alumni pour la Caraïbe orientale ont été inaugurés en 2021, conjointement à l’ouverture d’un Corner Campus destiné à favoriser les mobilités étudiantes des caribéens vers les collectivités françaises et vers l’Hexagone.

Coopération artistique

De nombreuses synergies artistiques voient le jour, favorisées par des programmes de soutien aux activités artistiques de la région. Le « fonds de mobilité Caraïbes pour les professionnels de la culture et les artistes caribéens », sous la houlette de l’Institut Français, soutient la mobilité des professionnels de la culture et caribéens à l’échelle régionale. La Fête de la musique, création culturelle française, est devenue un événement incontournable, comptant de nombreux partenariats avec les acteurs publics (ministères locaux et sponsors).
L’année 2022 est également synonyme d’une forte coopération franco-cubaine dans le domaine du cinéma : la 23ème édition du Festival de cinéma français à Cuba (juin 2022) a permis à un public de plus de 10 000 personnes de retrouver le chemin des salles de cinéma, tandis que la France finance sur 2 ans un projet de soutien aux nouveaux cinémas et à l’industrie cinématographique indépendante cubaine. Le réseau des Alliances françaises de la Caraïbe constitue également un précieux relais de coopération dans chacune des îles de la Caraïbe.

Des opportunités à saisir pour les entreprises françaises

Dans les Caraïbes, les effets conjoncturels de la crise économique due à la Covid-19 se sont ajoutés à des difficultés structurelles comme le manque d’intégration régionale, l’étroitesse des marchés intérieurs, la faible diversification de l’économie et une forte dépendance au tourisme. On peut aussi citer un taux d’endettement très élevé, une forte vulnérabilité aux catastrophes naturelles et le manque d’infrastructures.

Toutefois, la région peut s’appuyer sur une population jeune et mobile et dispose de ressources naturelles diverses pour envisager de nouvelles perspectives de développement. Outre des ressources extractives (pétrole, nickel, or, bauxite etc.), le bassin caraïbe attire un flux de plus de 28 millions de visiteurs par an. La « croissance verte » offre une opportunité unique pour une région riche d’un potentiel en énergies renouvelables à même d’engendrer de nouveaux débouchés économiques. Le commerce au sein de la région offre d’intéressantes opportunités de développement pour les petites et moyennes entreprises (PME) des collectivités françaises.

Bien représentées dans les Caraïbes, les grandes entreprises françaises (Air France, Alstom, Bouygues, Total, Vinci) sont actives sur les marchés nationaux. Leur offre et leur expertise sont promues à l’occasion d’événements et de visites ministérielles, comme en témoigne le déplacement, en décembre 2021, de Franck Riester, alors ministre délégué chargé de l’Attractivité et du Commerce extérieur en République dominicaine.

La République dominicaine est le premier partenaire commercial de la France dans la région Caraïbe, et le quatrième si l’on prend en compte l’Amérique centrale : les échanges s’élevaient à 298 M € en 2019. Les importations se structurent majoritairement autour du commerce de produits agricoles, sylvicoles, de la pêche et de l’aquaculture 62% des importations françaises) et notamment de fruit tropicaux et plantes à boisson, tandis que les exportations françaises sont constituées à plus de 20% de produits agro-alimentaires et 18% d’équipements mécaniques, de matériel électrique, électronique et
informatique.

L’un des projets phare d’investissement français dans la région est mené par l’armateur CMA-CGM qui a remporté pour 30 ans (à compter de 2015) la concession du terminal à conteneurs du port de Kingston en Jamaïque, le Kingston Free Port Terminal Link (KFTL), devenu la principale plateforme de transbordement dans la région Caraïbes. L’entreprise française NEOEN, soutenue par Proparco, a mis en service en 2019 la centrale photovoltaïque qui fournit l’électricité la moins chère du pays, s’affirmant ainsi comme un partenaire majeur de la Jamaïque dans sa transition énergétique. En République dominicaine, nos entreprises ont remporté plusieurs contrats d’envergure, dans le domaine des transports et des infrastructures notamment ; l’AFD contribue à la modernisation du métro de Saint-Domingue entreprise par le consortium franco-allemand Thalès-Siemens, à hauteur de 86 millions d’euros. L’inauguration en 2020 du nouveau Club Med de Michès s’est faite en présence du président de la République dominicaine, à l’occasion d’une cérémonie à forte visibilité médiatique. La coopération économique avec les pays de la zone reste toutefois encore sous-exploitée et gagnerait à être développée.

Mise à jour : août 2022